Microdosage champignons magiques

Qu’est-ce que le microdosage ?

Dans l’univers des consommateurs de champignons hallucinogènes, il y a deux écoles. D’un côté, ceux qui veulent vivre une expérience psychique révélatrice en participant à une cérémonie psychédélique. Et de l’autre, ceux qui préfèrent s’aventurer sur un chemin plus tranquille avec le microdosage ou microdosing de champignons.

Depuis plusieurs décennies, et particulièrement ces dernières années, de nombreuses études scientifiques ont montré que la prise d’une dose de champignons psilocybes pouvait jouer un rôle favorable dans l’amélioration de plusieurs fonctions cognitives et dans l’atténuation des symptômes d’anxiété et de dépression. Mais, même si les effets d’une prise unique de molécules psychoactives sont un véritable booster de la psyché, on peut comprendre que certaines personnes aient des appréhensions vis-à-vis d’un phénomène inconnu et intense.

Dose classique et dose héroïque

Dans une cérémonie à psilocybine classique, on utilise une quantité de psilocybine capable de réveiller le système nerveux central. Cette dose contient 2 à 6 grammes de champignons magiques ou 15 à 40 grammes de truffes. C’est assez pour stimuler d’un coup les récepteurs de sérotonine et de dopamine et provoquer des effets visibles et marquants. Ceux qui ont essayé le savent, c’est renversant mais c’est aussi éprouvant.

Ces doses héroïques sont donc réservées aux personnes qui se sentent à l’aise avec l’idée du trip psychédélique : hallucinations, euphorie, prise de conscience. En particuliers lorsqu’elles veulent avancer d’un coup dans l’environnement sécurisé d’une retraite légale aux Pays-Bas.

Le microdosage de champignon au jour le jour

D’un autre côté, ceux qui cherchent à approcher les champignons magiques en douceur, qui sont prêts à prendre leur temps ou qui n’ont pas besoin d’un changement radical s’orienteront vers le microdosage.

Dans le microdosage, la molécule psychoactive est utilisée dans de faibles proportions. L’utilisateur ne recherche pas la manifestation psychédélique : il n’y a pas de voyage sensoriel, ni d’effet hallucinogène. Ce dosage est dit sub-perceptible, sans effet visible, et n’empêche donc pas de mener sa vie quotidienne.

Néanmoins, l’ingestion récurrente de petites doses de substances psychédéliques (psilocybine ou LSD) cible aussi l’apparition d’effets subtils sur le moyen terme : une meilleure créativité, des performances accrues, une alternative au traitement de la dépression ou un sentiment de bien-être plus fréquent.

Les effets du microdosage de psilocybine

La plupart du temps, les pratiquants du microdosage ne souffrent pas de dépression résistante au traitement comme c’est parfois le cas pour le macrodosage.

Il s’agit plutôt de personnes qui possèdent un fond d’anxiété ou de stress, des épisodes de dépression récurrents ou encore un manque de motivation qui les privent d’une vie complètement épanouie. Dans tous les cas, celles et ceux qui s’essayent au microdosage recherchent deux types d’effets : 

• Soit une plus grande harmonie personnelle, en limitant leurs idées négatives et leurs angoisses. 
• Soit une plus grande efficacité intellectuelle en stimulant leur créativité.

Comment se présente le microdosage ?

On peut prendre le microdosage sous 2 formes. Les gélules de psilocybine séchée ou des morceaux de truffes fraîches à préparer et doser soi-même. Dans tous les cas, la dose utilisée représente entre 2% et 10% de la dose complète.

Dose souhaitée	Truffes fraîches	Truffes séchées
Dose légère	0,25-1 grammes	0,1-0,3 grammes
Dose élevée	1-2 grammes	0,3-0,6 grammes

Les truffes séchées

La quantité de psilocybine présente dans des gélules de truffes déshydratées dépend beaucoup de leur âge, du processus de dessiccation et des conditions de conservation. Cela rend le dosage légèrement aléatoire. Il est donc assez difficile de savoir si, ainsi préparées, elles sont encore complètement efficace.

En revanche, elles sont plus faciles à conserver et ne demandent pas de se réapprovisionner régulièrement. C’est donc une solution adaptées aux personnes qui recherchent la simplicité avant tout.

Les truffes fraîches

Cette deuxième option est préférable pour celles et ceux qui veulent optimiser l’efficacité du microdosage. Les truffes fraîches ont un meilleur effet et il est beaucoup plus facile de savoir avec précision quelle dose on ingère. Toutefois, la préparation est plus contraignante puisqu’il faut les couper et les peser soi-même.

Comment bien microdoser ?

Pour réussir son microdosage aux truffes magiques, il faut avant tout se fier à ce que l’on ressent. En cas de nausée ou de léthargie, il est préférable d’espacer les prises. Un bon microdosage ne doit pas provoquer d’effets négatifs et surtout pas d’idées suicidaires.

Il existe principalement trois protocoles de microdosage, l’un initié par James Fadiman, l’autre par Paul Stamet et un dernier plébiscité visant à éviter tout effet secondaire. Les trois préconisent des journées de pause dans la prescription.

Dans un protocole de microdosage, l’abstinence joue un rôle clé : elle évite à la fois l’installation d’une éventuelle fatigue sur la durée et surtout, elle protège d’un phénomène d’accoutumance qui diminuerait les effets de la psilocybine.

Jour	Microdosage Fadiman	Microdosage Stamets	Microdosage hebdo
1	Prise de la microdose	Prise de la microdose	Prise de la microdose
2	Prolongation des effets	Prise de la microdose	Repos
3	Repos	Prise de la microdose	Repos
4	Prise de la microdose	Prise de la microdose	Repos
5	Prolongation des effets	Repos	Repos
6	Repos	Repos	Repos
7	Repos	Repos	Repos
Durée	4 à 6 semaines	4 semaines, puis 2 semaines de pause	7 semaines et une semaine de pause

Microdosage et psychothérapie

L’auteur américain James Fadiman est l’un des défenseurs du microdosage. Dans son ouvrage The Psychedelic Explorer’s Guide, il distingue les effets en fonction de doses :

“La prise de conscience accrue offerte par les psychédéliques se présente sous différentes formes.

À des doses plus élevées […], ils facilitent la reconnaissance d’une relation intime avec tous les êtres vivants. À doses modérées, ils facilitent la prise de conscience des structures psychodynamiques complexes de la conscience individuelle. À faible dose, ils facilitent la prise de conscience des solutions aux problèmes techniques et artistiques”.

Le microdosage de Paul Stamets

Ceux d’entre-vous qui ont vu le documentaire Netflix Fantastic Fungi ont déjà pu avoir un aperçu des grandes connaissances de Paul Stamets en matière de mycologie.

Depuis quelques temps, il propose sa propre approche du microdosage sous l’appellation Stamets Stack. C’est en fait la combinaison de 3 substances aux propriétés neurochimiques complémentaires.

Psilocybine, crinière de lion et niacine

On y retrouve ainsi la psilocybine, prisée pour ses potentiels effets sur l’humeur et l’ouverture émotionnelle. Elle est combinée à un champignon non psychédélique nommé crinière de lion ou Yamabushitake. La crinière de lion est un complément alimentaire légal auquel plusieurs études ont reconnu des capacités de protection et de régénération des neurones.

Le microdosage du Stamet Stack contient un dernier ingrédient, la niacine (vitamine B3). Elle aide les deux composés précédents à pénétrer le système nerveux pour maximiser leurs effets.

Les effets du Stamets Stack 

D’après Paul Stamets, la combinaison de ces 3 composés possède un effet d’amélioration générale de l’état du système cognitif. L’auteur et mycologiste parle de diminution de l’anxiété et des symptômes de dépression ou de SSPT. Le Stamets Stack aurait donc pour effet d‘aider le cerveau à mieux traiter les émotions tout en permettant de récupérer des facultés amoindries par les chocs émotionnels.

Le rythme de ce microdosage est un peu différent. Stamets suggère d’en prendre quotidiennement pendant 4 jours puis de s’abstenir pendant les 3 suivants, et ainsi de suite.

Si l’on n’a pas encore de retours expérimentaux fiables sur le Stamets Stack, on sait néanmoins qu’il est relativement sans danger. Sauf pour les personnes qui ont une contre-indication particulière à la psilocybine.

Les champignons psychédéliques et la dépression

À la suite de recherches très innovantes, les champignons psychédéliques suscitent de plus en plus d’intérêt en tant que potentiel substitut au traitement antidépresseur.

Des expériences sur les doses élevées

Les premières expériences réalisées sur une dose élevée de psilocybine ont été associées à des effets durables sur l’amélioration de l’humeur et de la motivation. Elles expliquent que la psilocybine pourrait avoir des effets bénéfiques sur les symptômes de dépression en régulant les quantités de neurotransmetteurs. En effet, la psilocybine agit sur la sérotonine, le neurotransmetteur associé à la régulation des émotions, au même titre que les médicaments antidépresseurs.

De leur côté, les personnes qui microdosent rapportent également des améliorations de l’humeur ainsi qu’une réduction de l’anxiété mais aussi un accroissement de la créativité et de la concentration. 

Les recherches sur le microdosage

Le microdosage de champignons pour traiter la dépression et l’anxiété fait l’objet d’un intérêt croissant au sein de la communauté scientifique. toutefois, il y a trop peu d’études sur le microdosage pour en démontrer l’efficacité ou l’inefficacité.

Plusieurs études relatent que les participants souffrant d’état dépressif ont rapporté une amélioration de leur bien-être émotionnel et une réduction des symptômes anxieux. Cependant, la majorité de ces expériences sont basées sur des témoignages uniquement d’après les déclarations des participants.

Effet placebo ou réel espoir ?

Jusqu’à maintenant, les conclusions sont plutôt mitigées. Les résultats positifs s’expliqueraient par un effet placebo chez une population déjà enthousiaste à l’idée de consommer des psychédéliques.

Par exemple, une étude randomisée publiée dans Nature a évalué 34 patients. La moitié a reçu un microdosage de psilocybine et l’autre moitié un placebo. Sans nier l’existence de petites modifications au niveau des ondes cérébrales, les scientifiques ont conclu que la psilocybine ne montrait pas d’effet indiscutable à ces doses sous-perceptuelles. Seule une dose plus élevée pourrait permettre d’espérer un bénéfice thérapeutique. L’effet rencontré dans le microdosage serait alors essentiellement un effet d’attente. 

Quoi qu’il en soit, des recherches plus rigoureuses sont nécessaires. Une évaluation approfondie permettra de prouver ou de réfuter l’efficacité et les mécanismes d’action du microdosage de champignons pour la dépression, l’anxiété ou comme soutien à la performance intellectuelle. Cela n’empêche pas de nombreux passionnés de poursuive leurs propres recherches en espérant de futures découvertes.

Un booster de créativité ?

Dans la Silicon Valley, le microdosage est utilisé bien loin de toute notion de thérapie. Les psychotropes sont exploités par une poignée de professionnels des technologies pour accroître leurs performances et mieux résister à la pression.

Dans un environnement difficile où les managers attendent une productivité sans faille, ces hommes et ses femmes espèrent pouvoir libérer leur potentiel cérébral. Le LSD ou la psilocybine sont de potentiels moyens de trouver grâce aux yeux de l’industrie. Dans son autobiographie, Steve Jobs raconte d’ailleurs comment le LSD lui a permis de développer sa créativité. Grâce à cette substance, il aurait eu plusieurs idées révolutionnaires comme le Macintosh ou l’iPod.

Risques potentiels et sécurité

En général, on considère que le microdosage de psilocybine est sans danger. Jusqu’à maintenant, la documentation scientifique n’évoque pas de dépendance, d’addiction, ni d’effets indésirables sur la mémoire (à l’inverse du cannabis ou des benzodiazépines). Toutefois, cela n’empêche la prudence. Par sécurité, il est donc judicieux de comprendre les enjeux médicaux avant de consommer des substances psychoactives, même en petite quantité.

Étant donné que les microdoses sont très faibles, les risques d’overdose sont minimes, voire nuls. En revanche, les premières prises peuvent provoquer des maux de tête, d’agitation, des nausées ou une légère augmentation de l’anxiété. En cas de symptômes gênants ou de l’apparition de troubles du comportement, il faut arrêter le protocole sans attendre.

Microdosing et antidépresseurs

Plus important encore, la psilocybine est rigoureusement contre-indiquée aux personnes sous traitement antidépresseur. Cette contre-indication est particulièrement forte pour inhibiteurs sélectifs de la recapture de sérotonine (ISRS) comme le Prozac ou les inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO).

Pour éviter les interactions désagréables ou dangereuses lors d’un protocole de microdosage, il faut donc réaliser un sevrage médicamenteux sous le contrôle d’un médecin généraliste ou d’un psychiatre.

De même, la psilocybine est totalement déconseillée aux individus qui souffrent de psychose ou prennent des neuroleptiques. Il en va de même pour les cas d’insuffisance cardiaque ou rénale. Ces contre-indications valent également pour le Stamets Stack.

Informations à connaître avant de commencer un microdosage

Le meilleur moyen de tirer parti des microdoses de champignons magiques est sans doute d’exploiter leur potentiel avec un professionnel de la psychologie ou du développement personnel. La psilocybine entraîne une augmentation de la plasticité cérébrale qui permet de mettre en place des changements plus facilement. Lors d’une psychothérapie, par exemple, un patient sous microdose sera donc plus réceptif et pourra aller plus loin dans son introspection.

Pour la psilocybine, la difficulté du microdosage vient du fait que la puissance des champignons peut varier d’un spécimen ou d’un revendeur à l’autre. En l’absence de réglementation précise sur la production des champignons psychédéliques, le microdosing est généralement moins précis qu’une cérémonie aux truffes magiques mais reste une alternative plus simple et moins coûteuse.

Les règles pour microdoser en sécurité

Avant de commencer un régime de microdosage de psilocybine, il faut s’astreindre à quelques règles. Par exemple, ne jamais démarrer son protocole un jour de travail et encore moins si l’on prend le volant. De même, les personnes expérimentées recommandent de suivre un schéma régulier et de tenir un journal de microdosage pour rapporter les sensations, les doses, les bénéfices ou les difficultés.

Plus généralement, le corps et l’esprit sont de bons témoins des effets éventuels du microdosage. Toute réaction, positive ou négative, doit être prise en compte pour ajuster les doses ou leur fréquence.

Le microdosing de LSD, un cas complexe

Le LSD est généralement disponible sous forme liquide et préparé de manière clandestine. Il peut être difficile de connaître précisément la dose que l’on consomme, à moins d’avoir un fournisseur extrêmement fiable. Le microdosage est donc une entreprise qui demande beaucoup de prudence et une vraie connaissance des processus d’approvisionnement.

FAQ à propos du microdosage pour la dépression ou l’anxiété

Le microdosage de champignons pour la dépression est-il sans danger ?

La consommation de psilocybine présente peu de risque. Néanmoins, elle est déconseillée en cas de trouble psychotique comme la schizophrénie ou le trouble dissociatif de l’identité. De même, les interactions avec l’insuffisance cardiaque ou rénale sont mal connues et incitent à la prudence. Enfin, il est contre indiqué de microdoser les champignons magiques avec un traitement antidépresseur ou anti-diabétique.

Il existe tout de même un risque légal si vous consommez une dose de psilocybe dans un pays qui l’interdit. Le LSD, lui, est interdit partout.

Est-ce que le microdosing de champignons fonctionne contre la dépression ?

À ce stade des recherches, la réponse est plutôt mitigée. Contrairement aux doses plus élevées, les chercheurs n’ont pas encore démontré que le microdosage a un effet sur la dépression. Les études sur le bénéfice du microdosage sur le patient dépressif sont parfois contrastées.

L’une d’entre elles, réalisée en 2021, conclut néanmoins que “les adultes qui microdosent des psychédéliques signalent des niveaux inférieurs d’anxiété et de dépression”.

Comment démarrer à microdoser des champignons contre la dépression ?

Pour démarrer un protocole de microdosing comme alternative à un traitement contre la dépression, il y a 4 étapes :

• Vous informer sur la légalité de la psilocybine et les risques encourus ;
• Parler avec un professionnel de santé pour déterminer si vous pouvez entreprendre une telle démarche et définir une fréquence d’ingestion ;
• Vous renseigner sur les sources d’approvisionnement sûres par internet. On trouve sur Reddit ou Erowid de précieuses informations sur le sujet.
• Trouver une personne de confiance, ou un professionnel de santé. Vous pourrez lui faire un rapport régulièrement sur les éventuels effets secondaires.

Est-ce que le microdosage contre la dépression est légal ?

La légalité du microdosage dépend de la légalité des champignons psilocybes dans la région du monde où vous vivez.

Aux Pays-Bas, dans le Colorado ou dans l’Orégon, vous pouvez le pratiquer en toute légalité à des fins thérapeutiques. L’Espagne et l’Italie possèdent une certaine tolérance pour l’usage privé. La France, l’Allemagne où la Belgique interdisent rigoureusement toute utilisation, y compris pour du microdosage.

En combien de temps les champignons microdosés font-ils effet sur la dépression ?

L’ingestion de champignons magiques ou de truffes psychédéliques produit ses effets en 30 minutes environ. Dans le microdosage de psilocybine, il est probable que vous ne ressentiez pas de changement particulier sur votre santé mentale après la prise d’une seule dose. Si des effets apparaissent, ce sera au bout de quelques jours et de manière très subtile.

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