Les retraites Ayahuasca

13 juillet 2023 | Temps de lecture : 8 mins

Le voyage psychédélique est une expérience hors du commun. Et pour cause, il n’y a rien d’ordinaire à ressentir des émotions amplifiées ou à vivre, au fond de soi-même, un film grandiose et bizarre auquel personne ne peut assister. Parmi les substances psychoactives, le nom d’Ayahuasca est porteur, à lui seul, d’une promesse : l’aventure mystique dans la grande tradition du chamanisme des peuples d’Amazonie.

Mais au-delà des clichés, l’Ayahuasca est un breuvage fascinant dont les potentiels effets thérapeutiques ont donné lieu à la création de lieux de retraites spécifiques. Attention toutefois, cette substance reste considérée comme une drogue illégale dans une large partie du monde.

Qu’est-ce que l’Ayahuasca ?

En langue Quechua, l’Ayahuasca signifie liane des âmes ou liane des cadavres. Ce n’est, certes, pas très engageant mais ce nom s’explique par le fait qu’on lui prête le pouvoir de relier les mondes. Si l’on en croit les récits, l’Ayahuasca est comme une version végétale de la pilule qui permet à Neo, personnage principal du film Matrix, d’accéder à la réalité du monde qui l’entoure.

Contrairement à ce qu’il pourrait sembler, l’ayahuasca n’est pas une plante mais une décoction végétale tirée de plusieurs plantes. En premier lieu, la Banisteriopsis caapi –  qui pousse notamment au Pérou, en Bolivie, au Brésil, au Venezuela, au Panama et en Colombie. Elle est est le principal ingrédient de la mixture à laquelle elle confère son pouvoir hallucinogène et empathogène. On lui associe régulièrement Psychotria viridis. Les deux plantes contiennent une molécule psychotrope appelée DMT.

Le breuvage possède de nombreux autres noms en fonction des pays, comme yagé (langue tukano) ou natem (langue jivaro). Au sein de la forêt amazonienne, on recense aussi d’autres variétés comme Banisteriopsis inebrians, Banisteriopsis muricata ou Banisteriopsis rusbyana.

Une longue histoire qui continue à s’écrire

À la suite de fouilles en Équateur, les archéologues estiment que la transformation de lianes pour produire de l’ayahuasca remonte au moins à 2000 ans avant JC.

C’est l’observation de rituels et de religions encore pratiqués de nos jours par plusieurs peuples d’Amazonie (Cofán, Cocama ou Marubo) qui permet aux occidentaux modernes d’en connaître autant sur cette plante. Même en dehors de la forêt amazonienne, plusieurs courants spirituels ou religieux intègrent l’ayahuasca à leur foi. L’intérêt grandissant des occidentaux pour les rites magiques liés au bien-être s’est transformé en mode, parfois déconnectée de tout ancrage culturel, dans la Silicon Valley ou à San Francisco. Comme en témoigne la satire du film While We’re Young, avec Ben Stiller et Adam Driver, la cérémonie d’initiation pratiquée par les occidentaux peut parfois sembler superficielle ou ridicule.

L’utilisation rituelle de l’Ayahuasca

Comme on peut s’en douter, ce puissant hallucinogène est l’une des nombreuses spécialités des chamanes. Sous forme de boisson, la plante sacrée est au centre de cérémonies psychédéliques à vocation sociale, thérapeutique, divinatoire et même de rites impliquant la sorcellerie.

Son effet puissant favorise la transe chamanique et l’exploration de soi en stimulant les récepteurs de sérotonine dans le cerveau. L’ayahuasca peut provoquer des visions diverses, similaires à des rêveries ainsi que des impressions de rémanence lumineuse et des altérations de la perception visuelle ou auditive.

Dans les croyances indigènes, la préparation permettrait de communiquer avec le monde surnaturel, en donnant accès à une réalité complète, englobant le monde terrestre et celui des esprits.

L’utilisation thérapeutique de l’Ayahuasca

Au sein des populations de la forêt amazonienne qui utilisent l’ayahuasca, la plante possède un rôle d’aide au diagnostic pour les soins physiques ou psychologiques.

Dans le rite traditionnel, le chamane utilise la substance, seul ou avec son patient, afin de plonger dans une transe. Grâce à elle, le soigneur pourrait accéder à une réalité cachée. Là, il peut identifier ce qui fait souffrir le malade, et pourquoi dans la tradition chamanique, les causes de la maladie sont globalement dues à la présence d’un esprit. Esprits dévoreurs d’organes ou mécontents sanctionnant l’individu. Il peut aussi arriver que l’âme de ce dernier ait quitté son corps et qu’il faille la lui faire réintégrer.

À la lumière des informations récoltées durant son voyage psychédélique, il utilise ensuite d’autres plantes – qui n’ont rien d’hallucinogènes – pour traiter et aider son patient.

Les retraites ayahuasca

Retraites spirituelles ou thérapeutiques ?

À l’origine, les cérémonies chamaniques accompagnaient tous les aspects de la vie personnelle et sociale. Les chamanes pouvaient autant aider à soigner une personne qu’attirer la bienveillance des esprits pour obtenir une bonne récolte.

Dans les retraites à l’Ayahuasca, l’objectif est, en fait, différent. Déjà parce que ces retraites s’adressent à des personnes extérieures aux croyances indigènes : les héritiers des traditions précolombiennes n’ont pas besoin de participer à une retraite ! Les participants ne cherchent pas un écho à leurs racines ethniques ou culturelles mais cherchent un bénéfice pour eux-mêmes. Dans tous les cas, ils sont en quête d’une forme de bien-être.

Pourquoi faire une retraite Ayahuasca ?

Certaines personnes viennent, par exemple, concrétiser des croyances et espèrent que la mixture végétale leur permettra de se connecter à d’autres mondes. Peu importe qu’elles suivent les enseignements de l’hindouisme, du bouddhisme, d’une vision holistique ou de Mama Ayahuasca, elles cherchent à aller plus loin dans leur spiritualité.

En revanche, d’autres participants viennent y chercher les effets relaxants de l’ayahuasca. La plante pourrait, en effet, aider à lutter contre un syndrome de stress post-traumatique ou dépressif.

Toutefois, les retraites Ayahuasca ne sont pas légales en Europe. La plupart des personnes intéressées se tournent donc vers d’autres options. Le statut légal de la psilocybine en France empêche de trouver des solutions locales. Mais les retraites aux Pays-Bas sont une alternative sûre pour celles et ceux qui souhaitent essayer les psychédéliques.

Les effets de l’ayahuasca

Effets physiologiques

Prendre de l’ayahuasca n’est généralement pas une partie de plaisir. Le goût de la boisson est âcre et amer, assez désagréable au palais. Peu de temps après l’ingestion, le premier effet se fait sentir : il s’agit de nausées, parfois suivies de vomissements ou de diarrhées.

Ces effets secondaires sont d’ailleurs particulièrement liés à la fonction première de la préparation. En effet, dans la médecine traditionnelle d’Amérique du Sud, c’est un purgatif puissant dont l’objectif est aussi de nettoyer l’organisme pour combattre les parasites. Là encore, les chamanes locaux expliquent ces infections parasitaires par la présence d’un esprit à expurger.

Effets psychédéliques

Voilà pour le volet gastro-intestinal, il vaut mieux être à l’aise avec le sujet avant de réserver une retraite Ayahuasca.

La question du trip spirituel est sans doute plus stimulante. Les effets psychédéliques de la DMT impliquent, par exemple, l’apparition de phosphènes (flash lumineux persistants dans le champ visuel), des modifications de la perception sensorielle, une augmentation de la créativité ou encore des hallucinations. Des sensations d’euphorie ou de peur peuvent aussi s’ajouter aux effets précédents.

Dans les faits, ces manifestations donnent lieu à une interprétation spirituelle puissante : rêves ou visions. Elles sont décrites comme la source d’une prise de conscience et d’une ouverture au monde. C’est une aventure puissante, déroutante et pleine de symboles.

Les difficultés rencontrées durant la montée en puissance de la DMT sont, d’ailleurs, perçues comme des blocages personnels qu’il faut surmonter et vaincre. En cela, l’Ayahuasca est souvent décrite comme une potion aux effets positifs offrant de se révéler à soi-même, sans armure. Comme plusieurs substances psychédéliques, elle permettrait de prendre un nouveau départ ou d’entamer un changement de vie grâce à son action sur les neurones et les neurotransmetteurs. En effet, l’Ayahuasca stimule le système nerveux central d’une manière unique qui s’associe parfaitement avec une thérapie ou une psychothérapie.

L’importance du cadre

L’entourage du participant à une cérémonie Ayahuasca est un élément primordial dans le succès de la démarche. Sans une préparation personnalisée et sans une présence vigilante durant le voyage psychédélique, il est possible de ressentir des sensations épouvantables : cauchemars, sensations d’étouffement, paranoïa.

Un chamane ou un facilitateur doit donc s’investir dans la durée avec le consommateur et l’aider à faire le point sur les thématiques qu’il souhaite aborder. L’expérience peut mener à une véritable extase psychique si elle est bien encadrée. Le professionnel est également là pour court-circuiter toute montée d’effets négatifs ou tout moment de détresse psychologique au cours du rituel. C’est pourquoi la prise de psychédélique, et encore plus de DMT, ne doit pas être réalisée sans supervision experte.

Recherches scientifiques et DMT

Plusieurs protocoles de recherche ont avancé que la préparation végétale pouvait avoir des avantages sur le bien-être psychologique, sur la dépression, l’anxiété ou la lutte contre les addictions.

Dans une étude portant sur un échantillon de 57 personnes, les chercheurs ont conclu que l’Ayahuasca pouvait jouer un rôle favorable et immédiat sur les niveaux de dépression et de stress et de créativité ressentis par les sujets. Et ces effets étaient d’ailleurs encore significatifs 4 semaines après l’expérience.

Une autre publication avance que la prise d’une seule dose de la mixture des chamanes d’Amazonie réduirait sensiblement les symptômes de dépression. Les scientifiques ont comparé l’effet de l’Ayahuasca avec un placebo sur des patients résistants aux traitements antidépresseurs classiques.

De même, une étude portant sur l’effet thérapeutique potentiel du DMT sur l’addiction au tabac, à l’alcool, à la cocaïne, au cannabis ou aux opioïdes a conclu en une baisse significative de la consommation pour les 3 premières substances. Les participants à ce protocole scientifique sur l’addiction ont rapporté des changements positifs et durables : autonomisation et bien-être général.

Légalité de l’ayahuasca

La légalité des psychédéliques peut compliquer les désirs personnels pour les personnes qui veulent faire les choses dans les règles. L’Espagne et le Portugal ont été les premiers pays occidentaux à entrer en contact avec les populations traditionnelles au moment de la conquête de l’Amérique Latine au XVème siècle. À ce titre, seuls les pays hispanophones ou lusophones proposent des retraites Ayahuasca, en lien avec l’ancrage historique et l’utilisation rituelle de la liane. En revanche, la légalité de ces retraite varie au sein des différents territoires.

La légalité de l’ayahuasca en Amérique

La décoction est essentiellement légale sur le continent américain, par exemple au Mexique, au Brésil, au Costa Rica ou au Pérou. Cette situation s’explique par la présence d’une population encore en lien avec les pratiques indigènes. L’utilisation de l’Ayahuasca y est reconnue comme un vestige important de notre Histoire. Il est donc nécessaire d’en préserver les aspects culturels.

Plus au nord, le gouvernement des États-Unis autorise la consommation d’ayahuasca dans le cadre de rituels religieux en vertu de la loi de 1993 sur la restauration de la liberté religieuse. Certaines villes ont même dépénalisé la mixture végétale encore au-delà des communautés religieuses (Seattle,Oakland ou Washington DC).

La légalité de l’ayahuasca en Europe

L’Espagne autorise exclusivement la liane dans les préparations pharmacologiques et le Portugal en a dépénalisé l’usage (mais ni la vente, ni la culture). Mais attention, la plante n’est légale dans aucun de ces deux pays.

En effet, contrairement à ce que laisse penser la lecture de certaines offres de retraites psychédéliques, l’Espagne ou le Portugal ne permettent pas la vente, le transport ou la préparation. Les entreprises qui y proposent ce type de séjour ne peuvent pas forcément protéger leurs participants. C’est la différence avec cun pays où l’usage est totalement licite.

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Sécurité des retraites ayahuasca

Dans les faits, ce sont le Pérou, le Mexique et le Costa Rica qui offrent le plus de retraites ayahuasca légales. Sur ces territoires, la consommation ou la vente ne font courir aucun risque juridique, ni aux participants, ni aux organisateurs.

Néanmoins, les pays d’Amérique Latine peuvent souffrir d’une certaine instabilité politique, de corruption et d’installations sanitaires en décalage avec les attentes et les besoins d’une population d’Europe ou d’Amérique du Nord. Comme pour toute expérience psychédélique, une retraite ayahuasca peut présenter un certain nombre de risques : une simple blessure, une crise de paranoïa, un participant agressif…

Bien entendu, les équipes d’une retraite ayahuasca sont capables de gérer les situations délicates et de maintenir la sécurité des participants. Néanmoins, il est préférable de tenter cette aventure en ayant bien conscience des avantages et des limites du pays où on l’entreprend.

Les contre-indications à la consommation d’Ayahuasca

Comme pour les champignons hallucinogènes, la plupart des phénomènes hallucinatoires sont temporaires. La sensation de délire ne dure que le temps d’activité de la plante. Néanmoins, l’Ayahuasca est déconseillée aux personnes qui suivent un traitement antidépresseur ou qui ont des antécédents de trouble psychiatrique ou de psychose comme la schizophrénie ou le trouble bipolaire.

Elle provoque par ailleurs une augmentation du rythme cardiaque qui peut entraîner des complications pour les individus souffrant d’hypertension non traitée.

Que retenir de la consommation de liane ?

Au final, l’expérience de la liane des cadavres (désolé d’insister sur ce nom !) est profonde et peut souvent être renversante. En revanche, elle demande beaucoup de prudence dans la sélection du cadre, de l’accompagnement et dans l’expérience de chacun des intervenants. À ce stade, les recherches sur la plante sont trop rares pour avoir une certitude sur les bénéfices et sur les risques qui découlent de son ingestion. Mais il est souhaitable que la science continue à se pencher sur le sujet pour avoir toujours plus de possibilités alternatives d’agir sur la santé mentale.

Par Tangerine Retreat.