16 septembre 2024 Lecture : 7 mins

La respiration est le geste primordial de la vie. Qu’on soit bourreau de travail, gros dormeur ou addict à Netflix, c’est l’activité que nous pratiquons le plus souvent. Mais le stress, le mode de vie sédentaire et la pollution, nous ont fait perdre l’instinct de bien respirer. Pourtant, une respiration efficace favorise une bonne santé physique et mentale. Le breathwork est justement une technique qui exploite l’effet neurochimique de la respiration pour atteindre un état modifié de conscience, comme avec la psilocybine, pour déclencher des réactions psychiques normalement inaccessibles… qu’elles soient surréalistes, révélatrices, inspirantes ou bouleversantes. En plus, c’est légal partout dans le monde et les effets sur le stress, l’anxiété et la dépression sont validés scientifiquement.

Breathwork : en quoi ça consiste ?

Inspirer et expirer, on sait vraisemblablement tous le faire. Mais atteindre un sentiment d’éveil profond grâce au flux d’air qui pénètre et sort des poumons, c’est plus difficile. Malheureusement, il ne suffit pas de ventiler comme un souffleur haute pression sur un tas de feuilles pour ressentir des manifestations transcendantes sur la santé mentale. Il faut faire appel à des procédés anciens, perfectionnés à travers les siècles.

L’essence du breathwork provient d’un savant mélange : un rythme, des enchaînements, un choix d’atmosphère lumineuse ou musicale et une guidance. Selon les préférences du facilitateur, cet accompagnement peut relever plus ou moins du coaching sportif, du rituel chamanique ou du soutien rassurant et attentif. Dans la plupart des méthodes, le facilitateur joue un rôle clé, car c’est son savoir-faire qui rend l’excursion mentale possible.

Respirer pour stimuler les neurones

Une séance de respiration intensive ressemble à une sorte de Yoga respiratoire qui monte en puissance progressivement. On retrouve d’ailleurs ce type d’exercice dans des pratiques anciennes comme le Pranayama indien, discipline de contrôle de la force vitale.

En musique, un facilitateur alterne des phases de respirations profondes, régulières, lentes ou rapides, mais surtout intentionnelles. On va respirer plus qu’on en a besoin. Et après quelques dizaines de minutes, les effets du breathwork peuvent devenir spectaculaires. Qu’il s’agisse de respiration Holotropique, de Respiration du Lion ou de Rebirthing Breathwork, chacune peut produire un effet qu’on n’imagine pas possible aussi naturellement.

En effet, avec des techniques spécifiques de respiration contrôlée, on peut augmenter l’oxygénation du cerveau et modifier son fonctionnement. Cette stimulation multiplie la connectivité entre les neurones, comme si on augmentait la portée d’une antenne qui deviendrait capable de communiquer davantage avec ses semblables.

Un souffle pour déverrouiller la conscience

C’est grâce à cette conversation boostée entre les neurones qu’on peut, d’une certaine manière, abattre les murs de sa propre conscience et connecter ensemble des idées qui n’étaient pas ou peu reliées. Ce sont les fameux états modifiés de conscience.

De souffle en souffle, la profondeur de l’expérience fait oublier le groupe, chacun étant plongé dans sa propre émotion. Lorsque la séquence de travail respiratoire s’intensifie, elle permet de ressentir des émotions refoulées ou d’identifier des traumas non résolus. C’est à ce niveau là, qu’il peut agir sur la santé mentale.

La plupart des participants atteignent des états de transe, comme lors d’un voyage psychédélique. C’est notamment le cas avec la Respiration Holotropique.

Jeune femme pendant une séance de respiration méditative

Différentes méthodes pour différents effets

Il existe plusieurs types de techniques, chacune avec ses caractéristiques. Certaines ont des objectifs de relaxation et d’autres cherchent à atteindre un résultat qu’on peut qualifier de thérapeutique.

Pranayama, la méthode ancestrale

Technique yogique de contrôle de la respiration, le Pranayama régule la force vitale (prana en sanskrit) par des schémas d’inspiration, rétention et expiration. Avec une vocation axée sur la relaxation, ses exercices pourraient purifier l’esprit, améliorer la concentration et équilibrer le système nerveux. Il est couramment utilisé pour calmer le mental et harmoniser le corps. Le Pranayama est également employé pour préparer le mental à la méditation et améliorer l’attention avant une épreuve ou un effort.

Lion’s Breath (Pranayama Simhasana)

La Lion’s Breath, ou respiration du lion, est une technique de yoga dérivée de la précédente. Imitant la posture et l’attitude du Lion, on expire bruyamment avec la bouche grande ouverte et la langue sortie.

Original par son aspect théâtral, elle vise à libérer les tensions du visage, de la gorge et de la poitrine. En imitant le rugissement du lion, cette respiration traditionnelle agît sur des ressorts psychologiques simples : la Lion’s Breath renforce la confiance en soi, stimule la circulation dans la gorge et le visage, et aide à réduire le stress et l’anxiété​.

Holotropic Breathwork (Respiration holotropique)

Développée par le psychiatre Stanislav Grof, la respiration holotropique est l’une des méthodes les plus intenses. Elle cherche à reproduire l’effet d’un voyage psychédélique, sans faire appel à des substances psychoactives.

Cet Holotropic Breathwork invite à une respiration rapide et profonde, par la bouche, associée à des musiques mystiques très enivrantes. Souvent utilisé dans un cadre thérapeutique, il permet de développer la conscience de soi pour mieux révéler des traumatismes ou favoriser une transformation intérieure profonde​.

La Respiration Psychotropique

La respiration psychotropique est un programme développé par Tangerine Retreat au sein de ses retraites. Son but est d’atteindre des états de transe psychédélique sans consommer la moindre dose de champignons magiques. Pour y parvenir, on alterne entre phases intensives et profondes selon une rythmique précise. La respiration psychotrope se pratique les épaules bien ancrées dans le sol, pieds et poings contractés se relâchant progressivement, sous la guidance d’un facilitateur.

Les manifestations surviennent au bout de 30 à 40 minutes : larmes d’émotion, sentiment de paix, euphorie ou visions colorées.

Rebirthing Breathwork

On doit la création du Rebirthing Breathwork  à Leonard Orr, dans les années 1970. Cette technique s’appuie sur une respiration cyclique par le nez, sans pause, pendant une heure à deux heures. Contrairement à la Respiration Holotropique qui laisse une grande autonomie au participant, la présence du facilitateur est plus appuyée dans le Rebirthing Breathwork afin de mieux garder ce rythme soutenu durant toute la séance.

L’objectif principal reste à peu près similaire, c’est-à-dire d’aider les pratiquants à relâcher les émotions refoulées et à atteindre un sentiment de renaissance émotionnelle et spirituelle​.

Méthode 4-7-8, accessible à tous

C’est le Dr Andrew Weil qui a développé la Méthode de respiration 4-7-8. Elle est aujourd’hui très populaire dans le milieu de la relaxation ou de l’hypnose. Très simple, mais pas moins efficace, elle demande : 

  • d’inspirer pendant 4 secondes,
  • de retenir le souffle pendant 7 secondes,
  • d’expirer sur 8 secondes,
  • On prolonge l’exercice pendant 6 minutes minimum.

En gonflant les voies respiratoires, cette méthode active le système nerveux parasympathique pour réguler les réponses de stress. D’après ses amateurs, elle favorise l’endormissement, aide à gérer l’anxiété et améliore la concentration​.

Les bienfaits du breathwork sur la santé vus par la science

On ne pourra pas présenter toutes les déclinaisons de cette discipline fructueuse. Mais, ce qui est sûr, c’est que le travail sur le souffle est aujourd’hui envisagé comme un puissant outil thérapeutique. Les bienfaits du breathwork commencent à être confirmés par des études scientifiques.

Breathwork pour la dépression

Des recherches menées sur la respiration contrôlée montrent que cette pratique peut avoir des effets sur le système nerveux et le bien-être psychologique.

Par exemple, une étude publiée en 2017 dans le Journal of Clinical Psychiatry a étudié l’effet de la respiration consciente sur les symptômes de dépression dans un protocole de 12 semaines. À la fin de l’expérience, on relevait une baisse de 75% des symptômes, y compris chez des patients réfractaires aux antidépresseurs classiques. Le breathwork pourrait venir en complément d’autres thérapies contre la dépression.

L’effet de la respiration sur l’anxiété

Une autre étude sur l’anxiété, datée de 2023, compare l’efficacité de brèves séances de breathwork et de mindfulness (méditation de pleine conscience). Et bonne nouvelle : ces deux méthodes se sont montrées efficaces pour améliorer l’humeur des participants (évaluée en moyenne à  avant le début de l’étude)

  • Humeur avant le début de l’étude : ~1.25 points.
  • Moyenne du “Groupe Mindfulness” après l’étude : 3.03 points.
  • Moyenne du “Groupe Respiration contrôlée” après l’étude : 3.70 points

D’autres bénéfices du breathwork

La respiration profonde et contrôlée permet d’accéder à des émotions enfouies ou refoulées, et de les libérer en douceur. Cet aspect favorise ainsi un mieux-être émotionnel. De plus, elle peut apporter certains bienfaits à la santé physique. En quelques minutes, elle abaisse la tension artérielle et facilite la digestion. On lui prête aussi la faculté de soutenir le système immunitaire.

D’un point de vue énergétique, elle stimule la circulation de l’énergie vitale dans le corps, favorisant la vitalité et la connexion à soi.

L’intérêt du breathwork dans une retraite

Le breathwork est un allié puissant pour tout type de retraite. Au sein d’une retraite de conscience modifiée, la pratique appuyée et experte des sessions de respiration va offrir des sensations intérieures riches et des perspectives d’évolution. Dans ce type de séjour, plusieurs séances sont organisées afin de se familiariser avec la technique afin d’en tirer peu à peu des effets plus importants. Car plus on s’applique à bien respirer, plus les résultats sont manifestes.

Dans les retraites ayahuasca ou psilocybine, le breathworkest utilisé pour renforcer le trip. Avant l’intervention de la substance, son rôle est de préparer le mental à l’expérience psychédélique. Après le voyage spirituel, il servira plutôt à favoriser son intégration en aidant les émotions à ressurgir.

Quoi qu’il en soit, les exercices de respiration contrôlée sont intimement liés à l’idée d’exploration personnelle propre aux psychédéliques.

Peut-on dire que le breathwork est psychédélique ?

Le terme psychédélique provient du grec ancien et signifie qui “élève l’âme ou la conscience”. Cela correspond pleinement aux objectifs du breathwork. On peut donc dire qu’il est psychédélique. Les états modifiés de conscience y sont très similaires à ceux observés sous l’influence de substances psychédéliques comme le LSD : expériences de dissolution de l’ego, visions, connexion avec un niveau de conscience supérieur… Le breathwork est une méthode légale, sûre et accessible pour vivre une expérience psychédélique sans substance.

Quelles différences avec un voyage sous substance ?

C’est similaire tout en étant différent… et en plus, cela dépend de chacun ! Chaque voyage ouvre une porte vers un monde inconnu et libère nos émotions dans un rugissement intérieur qu’il devient possible d’apprivoiser.

Ce serait comme comparer Smells like Teen Spirit (Nirvana) ou Born to Be Wild (Steppenwolf) à Stairway to Heaven (Led Zeppelin) ou Shine on you Crazy Diamond (Pink Floyd). Tous ces morceaux portent en eux une grande énergie métaphysique, mais leur puissance résonne différemment à l’oreille.

Quelle type de trip choisir ?

Le breathwork est une formule idéale pour celles et ceux qui désirent : 

  1. Garder une forme de contrôle (on peut arrêter le phénomène en quelques instants) ;
  2. Reproduire les méthodes à domicile après la fin du stage ;
  3. Vivre une aventure légale partout et sans contre-indication médicale majeure.

Le voyage sous psilocybine est un choix plus audacieux. Il convient aux personnes qui souhaitent : 

  1. Avoir des effets rapides et concrets sur leurs problématiques personnelles ;
  2. Traverser une expérience mémorable avec une forte valeur symbolique ;
  3. Explorer tous les aspects de leur conscience dans une version amplifiée ;
  4. Démarrer un processus complet en s’investissant activement dans la période d’intégration.

Enfin, l’une des différences majeures relève également de la loi. Le breathwork est autorisé partout, mais le statut légal de la psilocybine limite les retraites psychédéliques aux seuls Pays-Bas.

Image de freepik


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