Les retraites chamaniques Ayahuasca
Breuvage chamanique mystérieux, l'Ayahuasca est aujourd'hui propose au sein de séjours bien-être souvent illégaux. Comment cela fonctionne-t-il et quelles sont les alternatives ?
Le voyage psychédélique est une expérience hors du commun. Et pour cause, il n’y a rien d’ordinaire à ressentir des émotions amplifiées. Ni à vivre, au fond de soi-même, un film grandiose, bizarre et secret. Parmi les substances psychoactives, le nom d’Ayahuasca est porteur, à lui seul, d’une promesse.
Il évoque l’aventure mystique dans la grande tradition du chamanisme des peuples d’Amazonie.
Mais au-delà des clichés, l’Ayahuasca est un breuvage fascinant. Ses potentiels effets thérapeutiques ont donné lieu à la création de lieux de retraites chamaniques. Attention toutefois, cette substance reste considérée comme une drogue illégale dans toute l’Europe. Les retraites à la psilocybine sont, elles, autorisée aux Pays-Bas.
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Les retraites ayahuasca
Retraites spirituelles ou thérapeutiques ?
À l’origine, les cérémonies chamaniques accompagnaient tous les aspects de la vie personnelle et sociale. Les chamanes pouvaient aider à soigner une personne. Leur intervention pouvait aussi attirer la bienveillance des esprits pour obtenir une bonne récolte.
Dans les retraites à l’Ayahuasca, l’objectif est, en fait, différent. Elles s’adressent à des personnes extérieures aux traditions précolombiennes, venues en quête de réponses. À la recherche d’une forme de bien-être.
Pourquoi faire une retraite Ayahuasca ?
Il n’y pas de réponse toute faite.
Certaines personnes souhaitent explorer des croyances. Elles espèrent que la mixture végétale leur permettra de se connecter à d’autres mondes. Peu importe qu’elles suivent les enseignements de l’hindouisme, du bouddhisme, d’une vision holistique ou de Mama Ayahuasca. Ce sont des gens qui veulent aller plus loin dans leur spiritualité.
D’autres participants cherchent ses effets relaxants. La plante pourrait avoir des effets thérapeutiques. Notamment sur le syndrome de stress post-traumatique ou la dépression.
Toutefois, les retraites Ayahuasca ne sont pas légales en Europe. La plupart des personnes intéressées par ces pratiques chamaniques se tournent donc vers d’autres options. Les retraites aux Pays-Bas sont une alternative sûre, par exemple.
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Qu’est-ce que l’Ayahuasca ?
En langue Quechua, l’Ayahuasca signifie liane des âmes, liane des morts ou liane des cadavres. Ce n’est, certes, pas très engageant. Mais ce nom s’explique par le fait qu’on lui prête le pouvoir de relier les mondes.
Si l’on en croit les récits, c’est une version végétale de la pilule de Matrix. Celle qui permet à Neo d’accéder à la réalité du monde qui l’entoure.
Mais ce n’est pas une plante. C’est une décoction végétale. Pour la produire, on utilise plusieurs pantes de la forêt Amazonienne qui contiennent une molécule psychotrope appelée DMT.
- Banisteriopsis caapi, Banisteriopsis inebrians, Banisteriopsis muricata ou Banisteriopsis rusbyana. Ces différentes variétés poussent au Pérou, en Bolivie, au Brésil, au Venezuela, au Panama et en Colombie. C’est est le principal ingrédient de la mixture. Elle qui lui confère son pouvoir hallucinogène et empathogène.
- Psychotria viridis.
Le breuvage possède aussi de nombreux autres noms en fonction des pays. On peut citer yagé (langue tukano) ou natem (langue jivaro).
Une longue histoire qui continue à s’écrire
À la suite de fouilles en Équateur, les archéologues estiment que la transformation de lianes remonte au moins à 2000 ans avant JC.
Ces rituels et ces religions sont encore pratiqués de nos jours par des peuples d’Amazonie (Cofán, Cocama ou Marubo). Durant le XXème siècle, l’observation de ces communautés permet aux occidentaux d’en apprendre beaucoup sur la plante. Même en dehors de la forêt amazonienne, plusieurs courants spirituels ou religieux l’intègrent à leur foi.
L’intérêt grandissant pour les rites magiques liés au bien-être s’est transformé en mode. Les pratiques sont parfois déconnectée de tout ancrage culturel, dans la Silicon Valley ou à San Francisco.
Le film While We’re Young montre comment une cérémonie d’initiation pratiquée par les occidentaux peut parfois sembler superficielle ou ridicule.
L’usage rituel de l’Ayahuasca
Comme on peut s’en douter, ce puissant hallucinogène est l’une des nombreuses spécialités des chamanes. Sous forme de boisson, la plante sacrée est au centre de cérémonies psychédéliques. Leur vocation est sociale, thérapeutique ou divinatoire. Elle peut même se lier à des rites de sorcellerie.
Son effet puissant favorise la transe chamanique et l’exploration de soi. Elle stimule les récepteurs de sérotonine dans le cerveau. Elle peut provoquer des visions diverses. Souvent similaires à des rêveries.
On parle aussi d’impressions de rémanence lumineuse. Ou encore d’altérations de la perception visuelle ou auditive.
Dans les croyances indigènes, la préparation permettrait de communiquer avec le monde surnaturel. Elle donnerait accès à une réalité complète, englobant le monde terrestre et celui des esprits.
L’usage thérapeutique de l’Ayahuasca
Chez les populations de l’Amazonie Péruvienne, elle possède un rôle d’aide au diagnostic pour les soins physiques ou psychologiques.
Dans le rite traditionnel, le chamane utilise la substance, seul ou avec son patient, afin de plonger dans une transe. Grâce à elle, le soigneur pourrait accéder à une réalité cachée. Là, il peut identifier ce qui fait souffrir le malade, et pourquoi.
La tradition chamanique explique que les causes de la maladie sont globalement dues à la présence d’un esprit. Esprits dévoreurs d’organes ou mécontents qui punissent l’individu. Il peut aussi arriver que l’âme de ce dernier ait quitté son corps et qu’il faille la lui faire réintégrer.
Le chamane récolte ainsi des informations durant son voyage psychédélique. Il utilise ensuite d’autres plantes – qui n’ont rien d’hallucinogènes – pour traiter et aider son patient.
Les effets de l’ayahuasca
Effets physiologiques
Prendre de l’ayahuasca n’est pas une partie de plaisir. Le goût de la boisson est âcre et amer, assez désagréable au palais. Peu de temps après l’ingestion, le premier effet se fait sentir : nausées, parfois suivies de vomissements ou de diarrhées.
Ces effets secondaires sont d’ailleurs particulièrement liés à la fonction première de la préparation. En effet, dans la médecine traditionnelle d’Amérique du Sud, c’est un purgatif puissant. Son objectif est de nettoyer l’organisme pour combattre les parasites. Là encore, les chamanes locaux expliquent ces infections parasitaires par la présence d’un esprit à expurger.
Effets psychédéliques
Voilà pour le volet gastro-intestinal. Il vaut mieux être à l’aise avec le sujet avant de réserver une retraite Ayahuasca.
La question du trip spirituel est sans doute plus stimulante. Les effets psychédéliques de la DMT sont très variables.
- Apparition de phosphènes (flash lumineux persistants dans le champ visuel),
- Variations de la perception sensorielle,
- Augmentation de la créativité,
- Hallucinations.
Des sensations d’euphorie ou de peur peuvent aussi s’ajouter aux effets précédents.
Ce voyage intérieur incite à une ouverture spirituelle. Les rêves ou visions sont décrits comme la source d’une prise de conscience. C’est une aventure puissante, déroutante et pleine de symboles.
Les difficultés rencontrées durant la montée en puissance de la DMT sont, d’ailleurs, perçues comme des indicateurs psychologiques. Des blocages personnels qu’il faut surmonter et vaincre. En cela, elle est souvent décrite comme une potion aux effets positifs offrant de se révéler à soi-même, sans armure.
Elle permettrait de prendre un nouveau départ ou d’entamer un changement de vie. En effet, elle stimule le système nerveux central d’une manière unique. Son action sur les neurones et les neurotransmetteurs s’associe parfaitement avec une thérapie ou une psychothérapie.
L’importance du cadre
L’entourage du participant à une cérémonie Ayahuasca est un élément primordial. Il joue un grand rôle dans le succès de la démarche. Sans une préparation sur mesure et sans une présence vigilante durant le voyage psychédélique, il est possible de ressentir des sensations épouvantables. Parmi les risques connus, on évoque des cauchemars, sensations d’étouffement ou de paranoïa.
Un chamane ou un facilitateur doit donc s’investir dans la durée avec le consommateur. Cela commence par l’aider à faire le point sur les thématiques qu’il souhaite aborder.
L’expérience peut mener à une véritable extase psychique si elle est bien encadrée. Le professionnel est également là pour court-circuiter toute montée d’effets négatifs ou tout moment de détresse psychologique au cours du rituel. C’est pourquoi la prise de psychédélique, et encore plus de DMT, ne doit pas être réalisée sans supervision experte.
Recherches scientifiques et DMT
Plusieurs études ont avancé que la préparation végétale pouvait avoir des avantages sur le bien-être psychologique. En particulier sur la dépression, l’anxiété ou la lutte contre les addictions.
Une étude a été réalisée sur un échantillon de 57 personnes concernant les niveaux de dépression, stress et créativité. Les chercheurs ont conclu que la mixture des chamanes d’Amazonie pouvait jouer un rôle favorable et immédiat. Et ces effets étaient d’ailleurs encore palpables 4 semaines après l’expérience.
Une autre publication avance que la prise d’une seule dose réduirait sensiblement les symptômes de dépression. Les scientifiques ont comparé l’effet de l’Ayahuasca avec un placebo sur des patients résistants aux traitements antidépresseurs classiques.
Il existe aussi un essai clinique portant sur l’effet thérapeutique potentiel du DMT sur l’addiction. Elle porte à la fois sur le tabac, l’alcool, la cocaïne, le cannabis er les opioïdes. On y a constaté une baisse marquante de la consommation pour les 3 premières substances. Les participants à ce protocole scientifique sur l’addiction ont rapporté des changements positifs et durables : autonomisation et bien-être général.
Légalité de l’ayahuasca
La légalité des psychédéliques peut compliquer les désirs personnels pour les personnes qui veulent faire les choses dans les règles. La France et le Royaume-Uni s’y intéressent depuis peu. L’Espagne et le Portugal ont été les premiers pays occidentaux à découvrir les populations traditionnelles d’Amérique Latine, au XVème siècle.
Leur histoire les lie donc à l’utilisation rituelle de la liane. À ce titre, seuls les pays hispanophones ou lusophones proposent des retraites Ayahuasca. En revanche, la légalité de ces retraite varie au sein des différents territoires.
La légalité en Amérique
La décoction est surtout légale sur le continent américain, par exemple au Mexique, au Brésil, au Costa Rica ou au Pérou. Cette situation s’explique par la présence d’une population connectée aux pratiques indigènes.
L’Ayahuasca y est reconnue comme un patrimoine culturel important. Mais le tourisme chamanique divise. D’un côté, il dégage des revenus et permet de faire connaître les traditions. Mais, il modifie aussi une pratique spirituelle qui se dilue dans les business.
Plus au nord, le gouvernement des États-Unis autorise la consommation d’ayahuasca. Mais seulement dans le cadre de rituels religieux en vertu de la loi de 1993 sur la restauration de la liberté religieuse. Certaines villes ont même dépénalisé la mixture végétale encore au-delà des communautés religieuses (Seattle,Oakland ou Washington DC).
La légalité en Europe
L’Espagne autorise seulement la liane dans les préparations pharmacologiques. Quant au Portugal, il en a dépénalisé l’usage (mais ni la vente, ni la culture). Mais attention, la plante n’est légale dans aucun de ces deux pays.
En effet, certaines offres de retraites psychédéliques sont trompeuses. Car l’Espagne ou le Portugal ne permettent pas la vente, le transport ou la préparation. Les entreprises qui y proposent ce type de séjour ne peuvent pas forcément protéger leurs participants. C’est la différence avec un pays où l’usage est totalement licite.
Et l’ayahuasca en France ?
L’Ayahuasca ne fait pas partie des traditions françaises. On trouve quand même de nombreuses personnes fascinées par la plante ou désireuses d’en acheter.
Mais il est interdit de posséder ou de consommer l’Ayahuasca en France. Pour pallier à cette interdiction, les français se tournent parfois vers des psychédéliques légaux en Europe.
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Sécurité d’une retraite chamanique Ayahuasca
Dans les faits, ce sont le Pérou, le Mexique et le Costa Rica qui offrent le plus de retraites ayahuasca légales. Sur ces territoires, la consommation ou la vente ne font courir aucun risque juridique, ni aux participants, ni à l’équipe.
Néanmoins, les pays d’Amérique Latine peuvent souffrir d’une certaine instabilité politique ou de corruption. Les installations sanitaires sont parfois en décalage avec les attentes et les besoins d’une population d’Europe ou d’Amérique du Nord. Comme pour toute expérience psychédélique, cette expérience peut présenter un des risques : une simple blessure, une crise de paranoïa, un participant agressif…
Bien entendu, les équipes d’une retraite chamanique sont capables de gérer les situations délicates et de maintenir la sécurité des participants. Mais, il est préférable de tenter cette aventure en ayant bien conscience des avantages et des limites du pays où on l’entreprend.
Les contre-indications à la consommation d’Ayahuasca
Comme pour les champignons hallucinogènes, la plupart des phénomènes hallucinatoires sont temporaires. La sensation de délire ne dure que le temps d’activité de la plante.
Néanmoins, elle est déconseillée à certaines personnes qui :
- Suivent un traitement antidépresseur :
- Ont des antécédents de trouble psychiatrique ou de psychose (schizophrénie ou trouble bipolaire) ;
- Souffrent d’hypertension non traitée.
Que retenir de la consommation de liane ?
Au final, l’expérience de la liane des cadavres (désolé d’insister sur ce nom !) est profonde et peut souvent être renversante.
En revanche, elle demande beaucoup de prudence. À la fois dans la sélection du cadre, du coaching et dans l’expérience de chacun des intervenants. À ce stade, les recherches sur la plante sont trop rares pour avoir une certitude sur ses bénéfices et ses risques.
Mais il est souhaitable que la science continue à se pencher sur le sujet. Le but est d’avoir toujours plus d’options alternatives et sûres pour agir sur la santé mentale.
FAQ Ayahuasca
Au cours d’un stage chamanique, les participants plongent dans une pratique spirituelle ou mystique. Elle peut être inspirée des rituels indiens, tibétains, amérindiens, africains, vaudous ou autres. Le chamane fait le lien entre le monde des esprits et celui des humains pour leur permettre d’accéder à une certaine sagesse.
Elle provoque des visions intenses et des émotions amplifiées. Elle aide souvent à revisiter des souvenirs et à surmonter des blocages psychologiques.
Les participants consomment la décoction sous la supervision d’un chaman. Le rituel combine méditation, chants et exploration intérieure.
Les effets durent entre six et huit heures. Ils atteignent leur apogée après deux heures environ.
Elle ne crée ni dépendance physique ni envie compulsive de consommer. Au contraire, elle est souvent associée à des démarches de désintoxication.
Elle active les récepteurs de la sérotonine et modifie les connexions cérébrales. Elle intensifie la communication entre différentes zones du cerveau.
Elle peut entraîner des risques pour les personnes fragiles psychologiquement ou physiquement. Une sélection rigoureuse des participants par des spécialistes peut limiter ces dangers.
Elle agit comme un purgatif en nettoyant l’organisme des toxines. La réaction sérotoninergique stimule à la fois le système vagal et la motilité intestinale. Le premier entraîne des vomissements. tandis que le second provoque des diarrhées.
