Des champignons qui poussent un peu partout

Ils poussent dans les sous-bois humides, sur des tas de fumier ou tapis dans l’herbe, dissimulés aux yeux de ceux qui ignorent leur pouvoir… Visuellement, les champignons hallucinogènes ne se distinguent pas de leurs congénères. Pourtant leurs effets et leur impact sur la conscience humaine sont immenses.

Leur organisme s’est adapté à la plupart des milieux. Depuis des millénaires, on en trouve donc sur toute la planète : des plaines européennes aux forêts d’Amérique du Sud ou dans les climats humides d’Asie du Sud-Est.

Les variétés de champignons psychédéliques

Parmi toutes les espèces de champignons, les plus célèbres restent les Psilocybes, les “champignons magiques”. Ils sont riches en psilocybine, une molécule capable de déverrouiller les portes de l’esprit vers un monde imaginaire grâce  aux récepteurs de sérotonine. D’autres variétés existent, comme l’Amanita muscaria, rouge et tachetée de blanc. Elle joue sur d’autres circuits neurochimiques et produit des effets plus imprévisibles. En fait, aujourd’hui, on parle surtout des psilocybes. Ils ont plus été étudiés par les scientifiques, ce qui permet de mieux en comprendre les effets, les principes actifs, les potentiels risques et bénéfices.

Pour les humains, c’est un sujet de fascination, de fantasme, d’inquiétude et de désir. Et c’est normal : ils ont longtemps été l’apanage des chamanes, la porte ouverte sur d’autres mondes sans qu’on en comprenne le fonctionnement. Ils ont ensuite été récupérés par les hippies en quête de nouvelles sensations.

Mais aujourd’hui, ils n’intéressent plus seulement les spécialistes en mycologie ou les mystiques. Désormais, les hallucinations psychédéliques sont autant recherchées pour leur potentiel sur l’éveil spirituel que sur la santé mentale.

Anatomie des champignons

Avant d’aborder leurs effets, voici un aperçu de leur anatomie :

Infographie : Anatomie du champignon hallucinogène, Psilocybe cubensis
Anatomie d’un champignon hallucinogène

Les effets psychologiques des champignons : un voyage intérieur

Une expérience unique

Prendre un champignon hallucinogène, c’est ouvrir la porte d’un théâtre mental où la réalité file, change et devient symbolique. Les couleurs vibrent, les sons se transforment et le temps s’accélère autant qu’il ralentit. C’est indescriptible, car ce voyage psychédélique se construit sur les fondations psychologiques de chaque individu. Si le cadre s’y prête, on peut y voir des scènes fantastiques, y revivre des moments forts, ressentir la chaleur d’un proche. On peut aussi communiquer avec le champignon, assister à ses émotions comme un spectateur objectif.

Pardonner, comprendre, condamner, s’impliquer, s’éclipser, vibrer, relâcher…

Un effet transformatif

Certains décrivent une plongée introspective foudroyante, une connexion rassurante avec l’univers. D’autres affrontent des tempêtes difficiles où l’ego se désagrège comme un mirage… avant de revenir à un état paisible, comme débarrassé d’un poids. D’après les témoignages, c’est l’un des moments les plus marquants de la vie de celles et ceux qui ont essayé (90%). On peut en ressortir enrichi, grogui, perturbé ou énergisé. En fait, on pourrait dire que toutes les réactions sont possibles. Mais surtout qu’elles sont toutes sujet à réfléchir et à mieux se connaître.

L’un des points les plus décisifs est le contexte : dans cet espace mouvant, tout repose sur l’environnement et l’état d’esprit au moment de l’expérience sont déterminants. Le set-and-setting détermine aussi bien la qualité du voyage psychédélique que les effets qu’on peut en tirer, notamment pour les personnes qui désirent suivre une psychothérapie après le trip.

Les effets physiologiques : au-delà du mental

Quand le corps accompagne l’esprit

Quand l’esprit s’envole et voyage, le corps, lui, réagit avec un langage bien à lui. Pupilles dilatées, frissons, légère augmentation du rythme cardiaque et de la tension artérielle. Rien de très impressionnant. Les signes physiques de l’absorption de psilocybine sont subtils et alternent entre le grand calme et la petite agitation. Pour éviter les réactions inattendues, il est généralement conseillé d’éviter de trop solliciter l’organisme. On limite les excitants, comme le café et le thé, on essaie de bien dormir la veille de la cérémonie psychédélique.

Juste après la consommation de champignons hallucinogènes, il peut arriver de ressentir une légère nausée au début du voyage. Elle laisse place à une sensation de flottement quasi mystique. Même les cartésiens purs et durs ressentent quelque chose d’inexplicable et s’en amusent. C’est un moment unique où notre cerveau nous emmène au-delà de ce qu’on connaît de lui. Le système nerveux est en roue libre, mais pour un temps limité seulement.

Les truffes magiques possèdent les mêmes effets. Leur dosage plus léger permet toutefois d’éviter une montée trop rapide et facilite l’atterrissage. Avec elles, les nausées sont bien plus rares.

Et la dépendance ?

Quand on évoque les molécules psychoactives, on pense souvent aux drogues et à l’addiction. Pourtant, les champignons hallucinogènes ne provoquent pas de dépendance. Qu’on prenne de la psilocybine une fois, deux fois ou plus, le corps n’en réclame jamais davantage. Il n’y a pas d’effet de manque. En effet, à l’inverse du tabac, de l’alcool ou de la cocaïne, le champignon hallucinogène n’implique pas les récepteurs de dopamine dans le cerveau. Il n’y a pas de sensation de récompense, donc pas de manque.

Il existe même des études sur la manière dont ils pourraient aider à lutter contre l’addiction au jeu ou l’alcoolisme.

Comment consommer des champignons hallucinogènes ?

La sécurité avant tout

Un voyage psychédélique, c’est beaucoup d’espoir mais aussi des risques… mieux vaut donc éviter l’improvisation. Il faut donc être très au courant de tout ce qu’implique cette démarche. Il faut minimiser les risques. Pour prendre des champignons hallucinogènes en toute sécurité, on peut déjà établir 6 règles simples : 

  1. Vérifier les contre-indications : psychose, antidépresseurs, hypertension non traitée, allergie, etc.
  2. Doser prudemment : s’appuyer sur l’expérience d’une personne expérimentée pour savoir quelle est la bonne dose.
  3. Choisir un environnement sécurisé : un lieu calme, sans risque de blessure, sans sollicitation extérieure et un pays (état ou canton) où la consommation est légale.
  4. Faire une préparation consciencieuse : positiver, se relaxer, parler, mettre les sujets stressants à distance.
  5. S’entourer de personnes de confiance : trouver des gens fiables et concernés pour discuter avant, pour surveiller pendant et pour échanger après le voyage.
  6. Pas de mélange : ni avec l’alcool, ni avec d’autres substances psychoactives (cannabis, etc).

Le set and setting

Ces quelques règles définissent le set & setting, c’est-à-dire l’état d’esprit et le contexte de consommation. Peut-être que ça n’a l’air de rien à la lecture, mais ces paramètres jouent un rôle clé. Prendre des champignons psychédéliques sans respecter ces quelques principes ouvre la voie à un voyage déstabilisant. L’approche doit être consciente, informée et respectueuse. Dans un environnement inadapté, il est possible de traverser une crise de paranoïa, de l’anxiété ou un bad-trip. L’environnement contrôlé par des professionnels existe sous forme de retraite psychédélique ou de thérapie assistée.

Acheter des champignons hallucinogènes

L’achat de champignons est réglementé dans de nombreux pays. Aux Pays-Bas, l’achat de truffes de psilocybine est légal. À Amsterdam, il existe ainsi des magasins qui en vendent dans tous les quartiers. Pour en acheter, il suffit d’être majeur. Mais pas question d’en ramener dans un pays où c’est interdit.

En revanche, il est illégal d’acheter de la psilocybine en France ou en Suisse, sous toutes les formes : ni séchée, ni fraîche, si sous forme de kit de culture. Même l’achat de champignons hallucinogènes par internet sur un site néerlandais, donc légal, est interdit. Mais si la substance est légale dans le pays, il est en principe autorisé de participer à une retraite psilocybine ou une thérapie assistée.

Enfin, on n’achète pas des psilocybes comme on achète des carottes : la fraîcheur, les méthodes de production et le dosage sont des points critiques pour éviter de prendre des risques. Les truffes hallucinogènes vendues dans les smartshops ont l’avantage d’avoir un dosage constant.

Prendre des champignons psychédéliques

La prise de psilocybes implique de prendre le bon dosage. Il est courant de faire appel à un mentor ou à un facilitateur pour identifier quelle quantité de psilocybine est adaptée à la situation. Les personnes expérimentées sont aussi capables de guider sur le type de produit.

Ensuite, on peut les broyer pour les faire infuser dans une eau à 70° avec un peu de citron. C’est simple et efficace. On boit la mixture au bout de 10 minutes.

Il existe aussi une variante de cette boisson baptisée Lemon Tek. La différence, c’est qu’on fait infuser le champignon pendant 20 à 30 minutes dans un jus de citron. L’acide citrique commence à dégrader les molécules. D’après les amateurs, ce processus pourrait accélérer le début du voyage psychédélique et procurer des sensations plus intenses.

Mais encore une fois, le dosage est un point critique : il ne faut pas se lancer à l’aveugle.

Effets à long terme : risques et bénéfices

Ce qui est rassurant, c’est qu’ils accompagnent l’humanité depuis longtemps. Les Aztèques les appelaient teonanácatl, le “champignon des dieux”. Pourtant nous ne savons pas tout sur eux.

Mais que reste-t-il après le voyage psychédélique ? Chez certains, une empreinte persistante sur leur perception du monde : des idées plus ouvertes, une approche différente de l’ego, parfois un regain de créativité.

De ce fait, leur potentiel thérapeutique intrigue les neuroscientifiques et les psychiatres. Les recherches modernes s’intéressent de près à leur impact sur la dépression réfractaire, les troubles obsessionnels compulsifs ou le stress post-traumatique, avec des résultats prometteurs. Mais il y a aussi des précautions à prendre. La psyché humaine est un terrain fertile mais fragile. Pour les psychonautes modernes, le voyage ne fait donc que commencer.

Où poussent-ils ?

Voilà à quoi ressemblent la plupart des champignons hallucinogènes

Les fonges (fungi) sont adaptés à la plupart des milieux. C’est pourquoi on les retrouve presque partout, mais avec des habitats de prédilection différents :

VariétéLieuxMilieu
Psilocybe mexicanaMexique et Amérique centralePrairies humides et les sols riches en matière organique.
Psilocybe semilanceataEurope, Asie, Nouvelle-Zélande, Amérique du NordPrairies humides, pâturages et les sols enrichis en matière organique.
Psilocybe cyanescensAmérique du Nord, AustralieBois en décomposition, notamment dans les parcs, jardins et zones boisées humides.
Psilocybe cubensisAmérique centrale et du Sud, Asie du Sud-Est, AustralieCoprophile, il pousse dans les excréments d’animaux herbivores.

FAQ sur les champignons hallucinogènes

Quel goût ont les champignons psychédéliques ?

Il est peu probable qu’ils déclenchent de nouvelles tendances en gastronomie. Ils ont un goût léger, un peu âcre et terreux. Ce n’est pas dégoûtant mais rares sont ceux qui éprouvent du plaisir à la dégustation.

Les psilocybes sont-ils des champignons guérisseurs ?

Quand on parle de champignons médicinaux, on pense plutôt à la crinière de lion, la queue de dinde, le chaga, le reishi ou les pleurotes. Les psilocybes sont une substance contrôlée dont les effets potentiellement thérapeutiques ne sont pas encore unanimement reconnus.

Quelle est la différence entre truffe et champignon ?

La truffe (sclérote) est la partie en dormance et souterraine du champignon (mycète). C’est là qu’il stocke ses nutriments pour passer les saisons difficiles, été et hiver. Quand le climat s’y prête, le champignon repousse depuis son sclérote.

Quelle est la partie des psilocybes la plus puissante ?

Toutes les parties d’un champignon magique contiennent la même dose de psilocybine : chapeau, spores, mycélium ou bulbe. Le sclérote en possède une dose plus faible, ce qui permet de mieux contrôler ses effets.

Est-il légal de faire pousser des champignons hallucinogènes ?

Ça dépend des pays. En France ou en Belgique, par exemple, ils sont inscrits sur la liste des stupéfiants par le Code de Santé Publique. La loi dit que la possession, l’usage, la détention, le transport et le ramassage sont passibles de sanctions pénales. D’où l’intérêt de chercher des structures légales.


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