10 août 2023 Lecture : 5 mins

Pour nous, c’est toujours un miracle. Et en juin 2023, ça l’était encore plus car nous nous rendions pour la première fois dans ce lieu de résidence, à proximité de Heerenveen.

Organiser une retraite psychédélique est le rêve du fondateur de Tangerine Retreat, Arnaud. Chaque séjour est l’occasion de découvrir de nouvelles personnes, d’approfondir notre méthode et de trouver comment aider au mieux. Pour cette fois, nous avons reçu des femmes et des hommes provenant de France, des USA, de Belgique ou encore du Portugal. Chacun est arrivé avec son parcours, ses attentes, ses douleurs, ses craintes, ses espoirs… et le désir que nous soyons capables de composer avec ça. Un vrai défi pour notre petite équipe. Pour le relever nous avions trois facilitateurs, un apprenti ainsi que le responsable communication (qui rédige ces lignes !) et son assistante.

Le premier jour, une prise de contact

Ça commence par un bon signe ! Tout le monde arrive, sans problème particulier. Au départ, on cherche un peu sa place. À l’arrivée, notre démarche est de laisser chacun tranquille pendant un moment, le temps de faire connaissance avec les lieux et de prendre possession de sa chambre. C’est le printemps et entre la piscine, le beau temps et le cadre verdoyant du gîte, autant dire que cette partie-là n’est pas la plus compliquée !

Apprendre à se connaître

Ce n’est qu’une heure plus tard que les participants, les facilitateurs et les personnes chargées de l’intendance se retrouvent pour un premier échange de groupe. Arnaud présente la retraite et le programme. Pendant près de 2h, nous alternons cercles de discussion, explications détaillées, réponses aux questions et un exercice simple pour briser la glace. Cette première phase est déterminante : il faut que chacun se sente dans un espace protégé, sans crainte d’être jugé par les autres et le plus à l’aise possible.

Sans rien dévoiler de privé, parlons de nos invités. Parmi eux, par exemple, un homme, introverti et malmené par des événements tragiques. Une femme, hypersensible, harcelée par une depression tenace à la recherche de nouvelles pistes thérapeutiques ou encore un habitué des retraites psychéliques.

Entrer dans le concret

Nos 3 facilitateurs s’aventurent ensuite dans les échanges face à face pour aborder, de façon confidentielle, les problématiques de chacun et parler du dosage. En effet, chaque personne choisit elle-même la quantité de truffe de psilocybine qu’elle souhaite ingérer. Il faut donc l’informer, la conseiller, sans la contraindre. De cette manière, elle est active dans son processus psychédélique et plus en confiance avec ce qui va se passer ensuite.

Une bouffée de légèreté

Après ces moments très introspectifs, nous partageons un repas et un long moment de musique live orchestré par Juan et Costanza, nos facilitateurs anglophones et hispanophones. Le temps est au beau fixe, le soleil se couche très tard en juin, aux Pays-Bas.

La soirée se termine en alternant des airs de bossa nova et des lectures de textes, en français et en anglais, par deux de nos participants. Certains nouent une amitié temporaire avec le chat de la résidence pendant que les autres commencent déjà à refaire le monde.

A simple moment

Deuxième jour, le jour J

Réveil matinal pour tout le monde et balade onirique, en silence, dans les bois avec Arnaud. Notre homme des bois est à la limite d’un retour à la nature et se laisse volontiers guider par les bruits de la forêt !

Nous attaquons ensuite le petit-déjeuner, copieux, car la journée va être chargée en émotions. Vers 9h, tout le monde regagne la salle de cérémonie pour un intense exercice de breathwork (travail de respiration) visant à relaxer les esprits. La matinée se termine par un groupe de discussion. Personne n’a d’appréhension, tout le monde est excité par la cérémonie à venir.

Afin de maximiser les pouvoirs de la psilocybine, les convives ne déjeunent pas et sont invités à se reposer quelques dizaines de minutes avant d’attaquer.

Rencontre avec la psilocybine

C’est à 13h que démarre le rituel. Nous invitons nos participants à rejoindre le grand salon, en musique. Arnaud et Juan leur expliquent comment broyer leurs truffes de psilocybine et réaliser leur infusion. Tout se fait ensuite dans un silence très respectueux, lourd de sens et de concentration.

Un à un, ils quittent la pièce pour un rituel de purification par la fumée avec Constanza. L’ambiance est studieuse, mystique. Une fois arrivés dans la salle de cérémonie, nous leur servons leur infusion et ça démarre.

Un voyage très intime

Chaque voyage psychédélique est unique. Chaque expérience est privée et doit le rester. Il existe différents niveaux d’intensité, différentes manifestations, des phénomènes intérieurs ou extérieurs. Nous préférons laisser la pleine possession de leurs histoires à nos participants. Certains se voient transformés en reptile, d’autres ont des émotions en cascade ou une colère enfouie qui ressort du fond de leur inconscient. Il y a aussi ceux qui ne traversent pas un voyage très impressionnant mais dont l’état d’esprit change tout de même sensiblement.

L’expérience dure presque 6 heures. À la fin, nous avons pour habitude d’apporter un plateau de douceurs sucrées : c’est un moment très réconfortant pour les convives. Leurs émotions ravivées par la psilocybine leur procurent un véritable émerveillement vis à vis de cette petite attention. Voir un homme de 50 ans pleurer pour un plateau de sucreries, c’est, en fait, très touchant !

Revenir à la vie

En sortant de la cérémonie, tout le monde est encore plongé dans une vive émotion. Les facilitateurs n’échappent pas à la règle. Ce qui vient de se passer est si fort, si indescriptible, que – même en ne consommant pas de psilocybine – on est bouleversé (garanti !).

Pourtant, si chacun est perdu dans les reliques d’une vive introspection, quelque chose a changé. L’homme tourmenté évoqué plus haut sort de là avec un visage apaisé, les yeux embués et un grand désir d’échanger. C’était pourtant le plus introverti des participants quelques heures auparavant. Il n’a pas eu d’hallucination mais un feu d’artifice d’émotions pendant des heures. Tout ce qui était bloqué est ressorti en rafale.

Un repas tout en harmonie

Après un passage à la piscine pour ceux qui le souhaitent, à jouer dans l’eau comme des gamins, le repas arrive enfin ! Pour ceux qui ont sauté le déjeuner (que nos deux belges appellent le dîner), il est accueilli avec ferveur. Durant la soirée, les conversations fusent. On parle cinéma, développement personnel, rugby, licornes, musique et – évidemment – psychédéliques !

De manière inattendue, le petit concert nocturne tourne au karaoké improvisé. L’ambiance est très familiale, détendue. C’est presque une colonie de vacances. On a l’impression que les facilitateurs sont drôlement plus fatigués que les participants qui repoussent leur coucher pour s’imprégner encore de ces moments rares.

Troisième jour, l’heure du départ

Tout le monde se réveille à son rythme, entre 7 et 9h. On sait déjà que le moment du départ va être étrange. Des choses se sont nouées, inexplicablement, une cohésion totale d’un instant. Sans attente, sans calcul.

Après les formalités gastronomiques, les convives choisissent entre une balade en forêt ou un cours de Yoga doux. À l’issue de ces activités, nous partageons tous un dernier cercle de discussion pour faire le bilan de ces deux derniers jours. C’est un moment émouvant au cours duquel certains témoignent leur enthousiasme, leur gratitude envers les facilitateurs ainsi que de certaines déceptions ou critiques. Ces éléments seront l’objet d’un débriefing en équipe pour décider d’éventuelles évolutions.

Les facilitateurs font ensuite le point avec leurs protégés en tête à tête. Ils évoquent l’expérience psychédélique et le retour à la maison. Qu’attendre ? Que faire ? Comment profiter de ce qui vient de se passer ?

Après le repas de midi, il est temps de refaire sa valise pour rejoindre la gare ou l’aéroport d’Amsterdam. Nous nous retrouvons tous dans le jardin pour se dire au revoir au cours d’un moment poignant et chaleureux.

Arnaud, tout sourire, est ravi de cette retraite. Il remercie chaque personne, d’un regard. L’une des membres de notre équipe pleure généreusement d’émotion, les facilitateurs sont heureux et les participants nous étreignent spontanément. Ça n’est pas si courant de prendre un quasi-inconnu dans les bras !

Personne ne promet de se revoir, car c’est là que se situe la liberté d’une retraite : partager un moment fort avec des inconnus, pouvoir relâcher la pression sans partir avec de nouvelles obligations sociales. Une authentique liberté.


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