La légalité des champignons à psilocybine

11 mai 2023 | Temps de lecture : 5 mins

Sous l’impulsion des États-Unis de nombreuses substances psychoactives ont été interdites dans la convention sur les substances psychotropes de 1971. Cette décision politique portée par l’ONU visait essentiellement à limiter la propagation de drogues psychédéliques comme le LSD ou la psilocybine. Depuis 1971, les personnes qui souhaitent consommer des psychédéliques ont donc été obligées de passer par le circuit clandestin pour s’approvisionner, nourrissant l’économie parallèle des dealers.

Dans le milieu de la science, les autorisations liées à la recherche ont été fortement limitées, comme en témoigne Robin Carhart-Harris dans le documentaire Magic Medicine.

Un âge d’or de libéralisation des psychédéliques

L’interdiction internationale fait suite à une vague d’enthousiasme autour des psychédéliques dans les années 50 et 60. Dès les années 50, de nombreux gouvernement légifèrent contre l’utilisation de drogues psychédéliques

De nombreux auteurs comme Hunter S. Thomson (Las Vegas Parano), Aldous Huxley (Les Portes de la perception) ou William S. Burroughs (Le Festin Nu) popularisent les expériences spirituelles ou mystiques nées sous l’influence des psychédéliques. Jim Morrison, les Beatles et même le philosophe français Michel Foucault s’essaient aux substances pour atteindre une autre réalité.

À cette époque les substances hallucinogène ne sont pas en vente libre, loin de là. Des pays comme la France l’interdisent à la consommation dès 1951, mais la différence tient au fait qu’elles ne sont pas encore classées comme des psychotropes criminels. Cette situation permet de mener, légalement et facilement, des recherches scientifiques. Voir notre article sur la psilocybine en France.

L’entrée en campagne de Nixon et les lois internationales

Après cet âge d’or des psychédéliques, la guerre froide et la guerre de Vietnam créent un climat de rébellion aux États-Unis et un besoin de liberté promu par les hippies et les Mouvements américain des droits civiques.

Des lois restrictives

On raconte que ce sont la crainte de voir des populations sombrer dans l’addiction ou devenir incontrôlables et menacer le pouvoir, qui auraient poussé le président Richard Nixon à entrer en campagne contre les psychédéliques. Les pays ratifient en large majorité le traité d’interdiction et c’est terminé pour les psychédéliques… Pour un moment.

La prohibition des psychédéliques

Pour appuyer ces décisions, les pouvoirs publics communiquent massivement sur les dangers des psychédéliques. On explique le mal-être de la jeunesse, des junkies, par la seule consommation des drogues hallucinogènes, ce qui permet de ne pas remettre en cause le fondement des sociétés occidentales.

Cette campagne de propagande qui marquera durablement les esprits. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous pensons, toujours aujourd’hui, que les psychédéliques sont des drogues dures illicites, au même titre que la cocaïne ou l’héroïne. Les termes de LSD, d’ayahuasca ou de champignons magiques éveillent toujours une certaine inquiétude dans la conversation. Le passionné de psychédélisme ne sait jamais comment il va être reçu, entre fascination mystique  et réprobation totale.

Une réhabilitation progressive

Pourtant les mentalités évoluent : le développement de méthodes alternatives de bien-être pousse de plus en plus de personnes à chercher leur équilibre au-delà de la médecine traditionnelle, sans la renier pour autant. Depuis près de 30 ans, l’émergence de thérapies parallèles légales et sûres comme la méditation, l’hypnose ou la naturopathie montrent un intérêt mondial pour d’autres façons d’accompagner le quotidien.

Dans la continuité de cette évolution des perceptions, les hallucinogènes sont désormais considérés comme une piste sérieuse pour l’avenir de la médecine par une poignée de scientifiques. Les recherches scientifiques mettent en avant l’intérêt thérapeutique de la psilocybine pour diminuer les symptômes de dépression et d’anxiété qui vont être la source d’un certain engouement.

Quel cadre légal à l’avenir ?

Au fil des expériences et des découvertes, les chercheurs permettront d’assouplir ou non les lois qui encadrent la circulation des psychédéliques.

Aujourd’hui, les drogues psychédéliques commencent à perdre leur étiquette de substance récréative illégales. Les œuvres grand public, comme des documentaires Netflix ou la série Nine Perfect Strangers contribuent aussi à créer une effervescence autour des champignons… jusqu’à la création des premières retraites psychédéliques légales aux Pays-bas.

Tous ces éléments participent à en donner une image plus mesurée, au cas par cas, sans toutefois faire changer les lois en vigueur. 

Légalité des champignons magiques dans le monde ?

La tolérance en Espagne

En Espagne, les psychédéliques et les champignons hallucinogènes ne sont pas légaux. La loi interdit formellement la vente de champignons psychédéliques. Néanmoins, l’usage privé de psilocybine dans un espace privé est décriminalisé. L’achat de spore est légal mais la culture ne doit pas être destinée à la consommation ou à la revente.

Enfin, il existe toujours un système d’amendes en cas de possession ou de consommation en dehors des propriétés privées.

Un usage décomplexé en Jamaïque 

Pour la Jamaïque, c’est beaucoup plus simple. Les drogues psychédéliques n’ont jamais été officiellement illégales et sont disponibles à de nombreux endroits du pays. Le gouvernement a instauré une politique d’ouverture vis-à-vis des investissements d’entreprises locales et étrangères, espérant devenir la première destination du tourisme psychédélique au monde.

La Jamaïque accueille d’ailleurs depuis 2019 le premier centre de recherche sur les champignons psilocybine au monde à Mona. Ce centre de recherche est financé par des fonds privés en vue d’une exploitation commerciale, notamment sur le microdosage.

Néanmoins, la Jamaïque souffre d’une criminalité et d’une pauvreté importantes qui peuvent entraver le développement de ses activités psychédéliques.

L’interdiction aux Pays-Bas

Si les Pays-Bas avaient bien ratifié le traité de l’ONU en 1971, leur politique de tolérance vis-à-vis de certaines drogues, comme le cannabis, autorisait la vente des psilocybes séchés et frais sous certaines conditions.

Dans les années 2000, les Pays-Bas vont préciser leur position suite à plusieurs fait divers imputés aux champignons magiques. À partir de cette date, seules les truffes à psilocybine sont autorisées à la possession, à la vente et à la consommation. D’après les autorités de l’époque, la teneur en psilocybine des truffes magiques permettrait de mieux encadrer les consommateurs et de limiter les risques pour la santé.

La légalité de la truffe à psilocybine aux Pays-Bas offre donc la possibilité de consommer un dérivé des champignons magiques en Europe sans violer la loi. Cette situation est la première étape d’un regain d’intérêt international pour les psychédéliques.

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La psilocybine partiellement autorisée aux États-Unis ? 

La psilocybine est une substance réglementée aux États-Unis. La Loi de 1978 sur les substances psychotropes est conforme à la Convention de Vienne. La fabrication et la consommation de psilocybine sont donc pour l’instant totalement illégales aux yeux de la loi nationale.

Cependant, certains États ont assoupli leur législation sur les drogues. En effet, la perception de certaines drogues psychédéliques comme la MDMA, la kétamine et la psilocybine commence à changer dans la société américaine et la réglementation évolue en direction d’une décriminalisation voire d’une légalisation pour l’usage médical.

On distingue ainsi 4 groupes disposant d’une politique d’ouverture vis à vis de la psilocybine:

  • Décriminalisé dans certaines villes : Californie, Massachusetts, Michigan, Washington, Washington DC.
  • Dépénalisé dans tout l’état : Colorado.
  • Légalisé pour usage médical : Oregon.
  • Recherche médicale autorisée : Maryland, Texas, Utah.

De par leur statut fédéral, la consommation sur le territoire des États-Unis exige une grande connaissance des lois

La loi Suisse sur l’usage des psychédéliques

Les drogues psychédéliques sont interdites à la consommation et à la possession en Suisse. Néanmoins, le gouvernement des cantons de Zurich, Bâle, Fribourg ou Genève autorise les médecins à exploiter les hallucinogènes – LSD, psilocybine ou MDMA – sous forme de psychothérapie assistée. Le traitement est réservé à l’accompagnement médical des personnes souffrant de dépression, d’anxiété ou de toxicomanie, sous stricte surveillance d’un professionnel de santé.

Légalité au Royaume-Uni

Le Royaume-Uni suit les règles de la convention de l’ONU qui considère la psilocybine comme une substance de l’annexe I, présentant “un risque grave pour la santé publique, sans valeur thérapeutique”.

Toutefois, le traité ne concerne que le champignon et pas le mycélium (réseau racinaire) ni les spores. Ces parties du champignon contiennent pourtant de la psilocybine, dans un dosage modéré. Cette faille juridique permet aujourd’hui de commander légalement des spores au Royaume-Uni.

Par ailleurs, des entreprises étrangères peuvent vendre des touffes de mycélium ou des truffes magiques librement.

Quelle légalité ailleurs dans le monde ?

La plupart des pays continuent à adopter une position de prohibition envers les psychédéliques et la psilocybine. Par exemple, les gouvernements autoritaires, comme la Chine et l’Iran, pratiquent toujours la condamnation à mort pour possession de psychédéliques. Bien que certaines zones fassent l’objet d’une tolérance purement opportuniste à Bali, l’Indonésie punit toujours la possession de toute drogue par la prison à perpétuité.

En Allemagne, la culture, la possession et la consommation de champignons magiques sont considérés comme des délits. Fait assez unique dans le monde, la cueillette des psilocybes est également illégale en France.

Même si les recherches avancent et donnent des résultats encourageants, il faudra plusieurs décennies avant de voir les pays revenir sur l’interdiction des psychédéliques. Pourtant, les récentes décisions de l’Australie concernant l’autorisation de pratiquer des thérapies assistées par MDMA laissent espérer que le monde médical pourra bénéficier, au cas par cas, des effets prometteurs de la psilocybine.

Par Tangerine Retreat.