Contrairement à une idée reçue, l’anorexie mentale n’est pas une question d’alimentation. Certes, c’est un trouble alimentaire mais ses causes sont bien plus complexes qu’une simple volonté de perdre du poids. Cette maladie bouleverse profondément la vie des personnes qui en souffrent. Elle affecte autant leurs proches, souvent démunis. Derrière les chiffres et les diagnostics se cachent des vies gâchées par la dévalorisation, l’isolement et la lutte intérieure.
Alors oui, les avancées médicales existent. Mais les traitements conventionnels ont du mal à offrir des solutions durables… Il faut dire que l’anorexie se lie à d’autres problèmes pour créer une toile bien difficile à dénouer : dépression, traumatisme, TOC ou abus sexuels. Quel rôle la psilocybine pourrait-elle jouer dans tout ça ?
La quêtes de nouveaux traitements
Pour aider le plus grand nombre de personnes anorexiques, il faut trouver de nouveaux outils. Et c’est là qu’une piste inattendue émerge : les champignons magiques. En particulier leur molécule phare : la psilocybine. Ses effets hallucinogènes et son action sur le cerveau pourraient aider à repenser la prise en charge de l’anorexie.
La psilocybine peut-elle soigner l’anorexie ?
Parce qu’elle est à la frontière de plusieurs troubles, l’anorexie résiste aux traitements conventionnels. Cela rend le traitement long, difficile et jalonné d’améliorations et de rechutes. C’est pourquoi on constate l’un des taux de mortalité les plus élevés parmi les maladies psychiatriques.
Sans y voir de solution miracle, les champignons magiques apportent 5 espoirs :
- Changement durable de la perception du corps.
- Diminution temporaire ou permanente des troubles anxieux.
- Une modification du rapport aux aliments.
- Prise en charge plus rapide des troubles alimentaires.
- Traitement moins lourd dans la durée.
Depuis quelques années, ils suscitent donc l’intérêt de chercheurs en psychiatrie.
Des études sur le lien entre psilocybine et anorexie
Étude à l’université de Californie à San Diego
En 2024, cette institution a mené un essai clinique novateur pour évaluer l’utilisation de la psilocybine dans le traitement de l’anorexie mentale. L’efficacité et la sécurité étaient au centre de cette petite étude exclusivement féminine. Les 10 patientes ont reçu une seule dose de 25 mg sous la supervision d’un thérapeute.
En conclusion, les auteurs expliquent que “la psilocybine pourrait être utile pour soutenir un changement psychologique significatif chez certains patients“.
La publication rapporte d’ailleurs des chiffres évocateurs :
Résultats observés chez les participants | Pourcentage de participantes |
---|---|
Expérience classée parmi les 5 plus significatives de la vie. | 90 % |
Diminution de l’importance de l’apparence physique. | 60 % |
Amélioration de la qualité de vie et de la perception de soi. | 70 % |
Réduction du trouble alimentaire à 3 mois. | 40 % |
Un vaste champ d’investigation
Cet échantillon est encore trop limité pour tirer des conclusions médicales. Deux autres recherches sont encore en cours en ce début 2025 :
- Compass Pathways étudie l’effet d’une dose unique de psilocybine ou d’un placebo. Les 60 participants recevront un soutien psychologique dispensé par des thérapeutes formés.
- L’Université Saint John Hopkins s’intéresse aux “effets de la psilocybine notamment si elle peut aider ou non à traiter l’anorexie”.
Quoi qu’il en soit, les personnes mineures sont – et seront – exclues de ces recherches. L’effet des champignons hallucinogènes sur le développement est mal connu, peu étudié. Tous les essais cliniques sont strictement limités aux plus de 25 ans.
Le mode d’action de la psilocybine sur l’anorexie
Mais comment marche la psilocybine sur l’anorexie ? Il faut d’abord comprendre qu’elle interagit avec les récepteurs de la sérotonine. Ce célèbre neurotransmetteur est impliqué dans la régulation de l’humeur et des comportements alimentaires.
Il y a plusieurs années, des chercheurs du King’s College à Londres ont montré qu’elle pouvait entraîner une reconfiguration temporaire des réseaux neuronaux. Dans un cerveau sous psilocybine, les connexions deviennent plus souples. Pendant un certain temps, il est plus facile de changer. Les pensées figées, caractéristiques des troubles obsessionnels, se relâchent.
Un complément aux thérapies classiques
Et c’est donc à ce moment-là que le travail personnel ou la thérapie peuvent être plus efficaces. Car oui, la psilocybine n’est qu’un tremplin dans un processus thérapeutique traditionnel. Lors d’essais cliniques sur la dépression, des patients ont décrit une prise de recul sur leurs émotions et une sensation de renaissance mentale. Appliquée aux troubles du comportement alimentaire, cela pourrait aider les malades à reconsidérer leur relation à la nourriture et à leur corps.
Les traitements classiques combinent généralement plusieurs approches :
- suivi psychothérapeutique ;
- thérapie cognitivo-comportementale (TCC) ;
- prise en charge nutritionnelle ;
- dans certains cas, hospitalisation.
Il existe parfois des traitements antidépresseurs ou antipsychotiques. Malheureusement, leurs résultats restent mitigés, certains patients y sont résistants et d’autres rechutent.
Les connaissances actuelles sur ce trouble
On l’a déjà dit, mais l’anorexie mentale ne se résume pas à un refus de manger. C’est une pathologie qui combine des facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux.
Des études en neuro-imagerie ont révélé que, chez les anorexiques, le circuit de la récompense fonctionnait mal. En temps normal, les humains éprouvent de la satisfaction en mangeant. Mais les patients souffrant d’un trouble du comportement alimentaire ressentent cette apaisement en contrôlant les calories de leur alimentation.
Les prédispositions
L’influence sociale joue aussi un rôle. L’idéalisation de la minceur et les injonctions contradictoires sur le corps renforcent le trouble… Mais contrairement à une idée reçue, ce n’est pas un manque de volonté face à la pression d’une société superficielle : il existe, en fait, une prédisposition génétique et psychologique liée à la gestion des traumatismes.
La réalité des risques
Bien sûr, manger équilibré et régulièrement est vital pour tous les animaux. On peut donc comprendre pourquoi les risques liés à l’anorexie doivent alerter. Outre les complications physiques – atteinte cardiaque, ostéoporose, infertilité –, le trouble s’accompagne fréquemment d’épisodes dépressifs et anxieux. Le taux de suicide parmi les personnes atteintes dépasse largement celui des autres pathologies psychiatriques.
D’autant plus que la maladie touche des publics vulnérables, parfois très jeunes ou isolés. C’est pour cette raison qu’il faut trouver des traitements efficaces et peu contraignants.
Quel chemin reste-t-il à parcourir ?
Avant d’envisager de généraliser un traitement grâce aux truffes magiques, d’autres essais cliniques seront nécessaires. Il faudra également identifier le bon protocole car l’accompagnement est la clé pour réussir un voyage psychédélique. C’est la qualité du set-and-setting qui distingue les retraites psilocybine et les thérapies assistées des expériences sauvages sans encadrement.
Si ces recherches confirment son efficacité, la psilocybine pourrait ouvrir une nouvelle voie dans la prise en charge de l’anorexie mentale et aider beaucoup de personnes à travers le monde.
FAQ sur l’anorexie
Combien de prises de psilocybine permettent de guérir de l'anorexie ?
La psilocybine ne guérit pas les troubles alimentaires. C’est le rôle de la thérapie. Les champignons hallucinogènes peuvent servir à rendre les thérapies plus profondes ou plus rapides. En revanche, impossible de prédire combien de voyages psychédéliques sont nécessaires pour aider quelqu’un.
Une adolescente peut-elle participer à une retraite psychédélique ?
Absolument pas, elles sont réservées aux adultes. Par essence, une adolescente est en plein développement : le cerveau, les hormones et les organes n’ont pas atteint leur fonctionnement définitif. Ce n’est pas la bonne période pour y ajouter une substance psychédélique. Dans certains cas d’urgence absolue, seul un psychiatre spécialisé pourrait éventuellement prescrire une thérapie assistée par psilocybine contre l’anorexie.
Faut-il forcément aller aux Pays-Bas pour faire une retraite contre l’anorexie ?
On peut aller aux Pays-Bas pour faire un voyage psychédélique légal. La retraite ajoute un cadre sécurisé qui permet d’en maximiser les effets et d’en diminuer les risques. Mais la retraite n’est pas une thérapie contre l’anorexie.
Quels sont les effets de champignons magiques ?
Les substances hallucinogènes provoquent un trip psychédélique au cours duquel on peut voir des images, ressentir des émotions ou avoir des prises de conscience. Dans le cas d’un trouble du comportement alimentaire, cela peut aider à en comprendre les raisons ou à prendre de la distance avec l’obsession du contrôle des repas.
Peut-on prendre des champignons magiques si on est très maigre ?
Oui. Mais il y a 2 recommandations : en dessous de 45 kg pour une femme et 60 kg pour un homme, il sera préférable de baisser la dose et de faire un bilan cardiaque avant l’expérience. (Ces chiffres dépendent aussi de la taille de l’individu).
Est-ce que l’anorexie touche seulement les femmes ?
Non, en France, l’anorexie concerne environ 1,5 % des femmes âgées de 15 à 35 ans, soit environ 230 000 personnes. Bien que cette maladie affecte majoritairement les femmes, elle touche aussi les hommes, avec un ratio d’un homme pour neuf femmes.
Est-ce qu’il suffit de manger pour guérir ?
Ce n’est pas simplement une question d’alimentation. Elle implique des troubles de l’image corporelle, de l’estime de soi et d’autres aspects psychologiques. La guérison nécessite une approche thérapeutique globale. Forcer un anorexique à manger risque de le culpabiliser et de détériorer sa confiance en soi.
Est-ce que tous les anorexiques se font vomir ?
Pas du tout. Certaines personnes vont contrôler la quantité de nourriture ingérée : c’est l’anorexie restrictive. Dans l’anorexie avec crises de boulimie/purgations, on retrouve des épisodes de crises alimentaires suivies de comportements compensatoires comme les vomissements provoqués ou l’utilisation de laxatifs.
Est-ce que les personnes anorexiques sont toujours extrêmement maigres ?
Non, il est possible d’avoir un poids considéré comme normal tout en souffrant d’anorexie. Le poids ou la maigreur ne reflètent pas nécessairement la gravité du trouble.
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