La dépendance à l’alcool touche 280 millions de personnes dans le monde. Le phénomène est important car le sevrage alcoolique est une démarche difficile avec un risque élevé de rechute. De ce fait, la recherche sur la santé mentale s’intéresse particulièrement aux effets de la psilocybine sur l’addiction. Les champignons magiques laissent, en effet, espérer une réelle évolution dans le traitement de l’alcoolisme.
Au-delà des espoirs, est-ce que la psilocybine peut soigner l’alcoolisme ? Représente-t-elle une voie thérapeutique envisageable ?
L’alcoolisme, une maladie aux nombreuses répercussions
Une personne alcoolique traverse une épreuve lourde et autodestructrice pour laquelle le jugement de la société est souvent impitoyable. Car si les effets de l’alcoolisme peuvent être extrêmement graves pour la personne elle-même, les répercussions le sont tout autant pour son entourage.
On distingue ainsi plusieurs types de dangers liés à la dépendance à l’alcool :
- Risques pour la santé : l’addiction augmente la probabilité de cancer, de maladie cardiovasculaire, neurologique ou hépatique.
- Risques mentaux : dépression, troubles cognitifs, psychose, suicide.
- Dangers comportementaux : violences familiales, accidents domestiques ou routiers, conduite à risque, endettement.
- Conséquences sociales : isolement social, perte d’emploi.
Le traitement de la maladie
Le principe d’une thérapie, ce n’est pas de juger comment agissent les gens, mais de les aider à changer. Le traitement de l’alcoolisme passe par une acceptation de la maladie, une culpabilisation et une thérapie. La déculpabilisation est importante car les patients alcooliques se perçoivent très négativement. Or on sait désormais que le facteur génétique explique un grand nombre d’addictions. De plus, on explique que c’est l’alcool qui modifie le cerveau pour créer la dépendance, pas la personne elle-même.
La psilocybine en question
Sortir de l’alcoolisme est donc un processus qui demande beaucoup de volonté car il faut que le cerveau se reconfigure, et cela prend du temps. C’est là que la thérapie assistée par psilocybine est intéressante, car les chercheurs se demandent si elle ne pourrait pas accélérer et pérenniser le sevrage.
COMMENT CA MARCHE ?
Un traitement de l’addiction à l’alcool ?
Aujourd’hui, la prise en charge de l’addiction à l’alcool rencontre des résultats mitigés en France. Les traitements médicamenteux ont leur limite… Notamment pour le maintien de l’abstinence et le risque de rechute. Les chercheurs continuent donc leur quête de nouvelles pistes parmi lesquelles celle des champignons à psilocybine. Les études cliniques dévoilent peu à peu l’action de cette molécule psychoactive sur le cerveau.
Un exemple concret de prise de conscience
Le voyage sous champignons magiques dure 4 à 6 heures et procure des sensations et des émotions fortes. Les blocages psychologiques s’atténuent temporairement laissant place à un état de conscience modifiée : une meilleure compréhension, des idées nouvelles ou des pensées inattendues.
Dans le cas d’une personne qui boit, le trip psychédélique modifie la perception de soi et du monde. Elle peut réaliser brutalement qu’elle doit arrêter de se détruire pour elle-même, pour ses enfants ou son conjoint. Elle peut aussi comprendre pourquoi elle est dépendante ou se sentir capable d’avancer vers la guérison. On vous explique comment ça fonctionne.
Moins de satisfaction à boire
L’un des effets des champignons psychédéliques est qu’ils diminuent la réponse des récepteurs de dopamine D2 dans une zone du cerveau appelée noyau accumbens.
En clair, cela signifie qu’après une dose de psilocybine, le plaisir lié à la consommation d’alcool baisse, comme s’il avait moins d’intérêt. D’après les études, il devient plus facile de ne pas boire grâce à cette régulation du circuit de la récompense.
Un meilleur moral pour affronter l’épreuve
On sait aussi qu’elle agit sur les récepteurs 5-HT2A de la sérotonine de nos neurones.
Plus simplement, la substance psychédélique est capable de modifier nos humeurs, notre motivation et nos émotions pour regonfler l’état mental. Dans un processus de réduction de la consommation d’alcool, un meilleur mental diminue le besoin de boire et le risque de découragement. C’est d’ailleurs le même mécanisme que pour le traitement de la dépression par psilocybine.
Évoluer sans blocage
Enfin, les champignons hallucinogènes provoquent une augmentation de la plasticité cérébrale.
Durant les quelques semaines qui suivent la consommation, le cerveau est capable de se reconfigurer plus vite. Cette capacité aide au sevrage et à la mise en place de nouvelles habitudes. C’est justement pour ça que les participants qui sortent d’une retraite psychédélique démarrent souvent une thérapie (psychothérapie, EMDR, hypnose) : ils espèrent pouvoir avancer plus vite grâce aux échanges avec un thérapeute capable de les guider dans leur chemin vers le bien-être.
Comment prendre de la psilocybine ?
Il n’y a aucune forme d’accès légal à la psilocybine en France ou en Belgique. Deux options existent pour la prendre légalement dans le cadre d’un sevrage alcoolique : la retraite psychédélique et la thérapie contrôlée.
La retraite : un séjour de relaxation peu contraignant
Aux Pays-Bas, il est parfaitement légal de consommer des truffes magiques qui contiennent de la psilocybine. Plusieurs sociétés, dont Tangerine Retreat, proposent des retraites psilocybine axées sur le bien-être et la relaxation, incluant une cérémonie encadrée par des professionnels.
Le but est le suivant : passer quelques jours dans un cocon pour trouver des clés d’évolution grâce au voyage psychédélique, aux entretiens individuels, au breathwork et aux ateliers réalisés sur place.
En sortant de l’expérience psychédélique, les participants peuvent entreprendre une thérapie classique. Elle permet d’intégrer les changements et de travailler dans la durée sur une amélioration de leur état mental.
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La thérapie assistée
C’est une autre façon de procéder. On y consomme les champignons psychoactifs en solo sous la supervision d’un psychologue ou d’un psychiatre. Elle a l’avantage de cibler spécifiquement l’alcoolodépendance ou la dépression.
Son inconvénient majeur est qu’elle est difficile d’accès. Peu de pays la proposent et les places sont limitées : il faut se rendre en Suisse, en Australie ou dans l’Oregon pour trouver des prestations légales et de qualité.
Tarif de la prise de psilocybine
Une retraite psychédélique aux Pays-Bas peut sembler chère : les tarifs moyens tournent autour de 1800 euros pour un séjour de 3 jours. Mais la thérapie assistée est bien plus onéreuse, de 10 000 à 20 000 euros en Suisse ou en Australie.
Est-ce que la psilocybine soigne l’alcoolisme ?
En addictologie, on considère qu’un alcoolique le reste toute sa vie. L’essentiel est de l’aider à arrêter de boire. Et là dessus, plusieurs études scientifiques sérieuses cherchent à tester l’efficacité clinique des champignons psilocybes.
L’effet de la psilocybine sur l’addiction à l’alcool
Voici un panorama des recherches concernant l’impact de la psilocybine sur la consommation excessive de boissons alcoolisées. Les résultats montrent, en général, un effet positif sur une large majorité des personnes avec durant une période au moins supérieure à 4 semaines. Pour le moment, aucune étude n’évalue la persistance des effets au-delà de 3 mois, mais ils existent peut-être.
Étude | Échantillon de patient | Méthode | Résultats | Résultats complémentaires |
Langone Center for Psychedelic Medicine (NYU) | 93 patients (48 sous psilocybine, 45 sous placebo) | Entre 1 et 3 doses + un support psychologique. | Réduction de la consommation : – 83% dans le groupe psilocybine; – 51% dans le groupe placebo. | 48% des participants ont réussi un sevrage complet |
Inserm & UPJV (France) | Modèles murins (rats) | Injection directe de psilocybine dans le noyau accumbens (dans le cerveau) | Réduction de la consommation de moitié si l’injection a lieu dans l’hémisphère gauche. | |
Johns Hopkins University | 100 patients | Plusieurs sessions de thérapie assistée par psilocybine | Réduction majeure de l’envie d’alcool. Amélioration à long terme de l’état mental. | Anxiété moyenne et trouble visuels passagers chez quelques personnes |
Imperial College London | 50 patients | Thérapie assistée par psilocybine et IRM cérébrale | Réduction du nombre de verres d’alcool consommés. Modification des habitudes liées à l’addiction. | Changements émotionnels et confusion pendant les séances de thérapie |
QUELLES PERSPECTIVES ?
Un traitement prometteur
Ces institutions scientifiques reconnues, et d’autres, envoie donc régulièrement des nouvelles porteuses d’espoir. Dans un futur proche, la psilocybine pourrait officiellement jouer un rôle dans le traitement de l’alcoolisme. Mais pour le moment, peu de pays envisagent d’en légaliser l’usage médical. Cela oblige les personnes désireuses de se traiter à voyager là où la molécule est légale.
Pourtant, la psilocybine n’est, elle-même, pas addictive et, à grande échelle, ses effets ne pourraient pas être aussi dévastateurs que ceux de l’alcool ou du tabac… drogues légales bien ancrées dans nos cultures.
FAQ champignons magiques et alcool
Les effets secondaires d’une expérience de ce type sont passagers et rares : maux de tête, sueurs, nausées, anxiété, épisode paranoïaque léger. Ces manifestations peuvent être accentuées si le consommateur avait des contre-indications préalables.
Même si elle est relativement sûre, des contre-indications à la psilocybine existent. Voici les principales :
– Grossesse ou allaitement;
– Consommation récente d’alcool;
– Consommation récente de psychotropes comme le cannabis ou l’ecstasy;
– Prise d’antidépresseurs de moins de 7 jours;
– Diagnostic de psychose chez un participant ou dans sa famille;
– Hypertension artérielle non traitée;
– Maladie du foie ou des reins.
Une retraite n’est pas une thérapie, elle permet de créer les conditions favorables pour entamer un processus thérapeutique avec des professionnels de la santé. Les étapes suivantes permettent de démarrer :
– D’abord, il est judicieux d’en parler avec le médecin traitant, un psychiatre ou un thérapeute;
– Ensuite, toujours privilégier une structure légale et officielle. L’accompagnement et le cadre sont très importants pour vivre une expérience favorable;
– Puis, prendre contact avec plusieurs instituts pour se faire une idée des méthodes de chacun;
– Enfin, après la retraite, démarrer une thérapie ou un suivi médical, par exemple en addictologie
Image de DC Studio sur Freepik
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