22 avril 2023 Lecture : 4 mins

Vincent est un français de 33 ans récemment installé aux Pays-Bas. Son expérience des psychédéliques a commencé par un usage récréatif avant qu’il ne se tourne vers une retraite pour mener une quête plus profonde.

« Jour après jour, pendant près de 5 ans, j’ai eu d’intenses crampes d’estomac »

Depuis combien de temps t’intéresses-tu aux psychédéliques ?

Le point de départ, c’est une lecture sur les psychédéliques, par simple curiosité. Durant l’été 2021, je suis tombé par hasard sur le livre de Michael Pollan “Voyage aux confins de l’esprit” que j’ai vite dévoré. À la lecture, j’ai été ébahi par les nombreuses expériences sur les psychédéliques dont il parlait et aussi par plusieurs témoignages qui ont résonné en moi.

Avant cette époque, j’avais eu 4 expériences psychédéliques purement récréatives, avec des champignons magiques, dans le jardin d’un couple d’amis, mais rien qui me laisse supposer que ces substances pouvaient être à l’origine d’une prise de conscience radicale sur moi-même.

En 2023, j’ai tenté l’expérience de la retraite et je n’ai plus eu aucune consommation récrative.

As-tu déjà été traité pour des symptômes d’anxiété ou de dépression ?

Avant la retraite psychédélique, je ne me suis jamais envisagé comme pouvant être touché par l’anxiété ou la dépression. De ce fait, je n’ai jamais ni consulté ni été traité pour aucun de ces troubles. Le maximum auquel j’avais été exposé, ce sont des exercices de respiration pour combattre le stress.

Et pourtant, jour après jour, pendant près de 5 ans, j’ai eu d’intenses crampes d’estomac, comme des décharges électriques dans l’abdomen. La plupart du temps, je n’en faisais pas grand cas et j’essayais juste de passer à autre chose. Pourtant, il faut bien avouer que ça jouait très négativement sur mon humeur quand la douleur était forte.

Et ça n’est pas tout ! J’ai toujours eu un gros problème de constipation chronique. Tout au long de ma vie, je me suis retenu d’aller aux toilettes par cycle de 3 ou 4 jours. Quand j’étais à l’université, je me retenais de déféquer du dimanche soir au vendredi soir. C’est loin d’être un transit normal pour un homme d’une vingtaine d’années.

Avec le recul, je me rends compte que j’étais complètement obsédé par ces symptômes. En plus, je n’avais aucune idée de ce qui sous-tendait tout ça. Je pensais pouvoir me soigner avec des médicaments classiques ou avec une meilleure nutrition, par exemple en arrêtant l’alcool et le café. En fait, cette stratégie ne m’a jamais vraiment aidé dans la durée.

« La première partie de mon voyage psychédélique ressemblait à un film de Wes Anderson »

Quelle a été ton expérience avec la psilocybine ?

Lors de cette retraite, on m’a donné ce qu’on appelle une dose forte de psilocybine. J’étais allongé sur un lit, les yeux fermés, avec de la musique. Tout au long du processus, j’avais, à mes côtés, l’organisateur de la retraite lui-même qui tenait un stylo pour noter tout ce que je disais et qui jouait le rôle de facilitateur.

J’ai pris ma dose vers 14h, après une longue balade matinale en forêt et je suis sorti de transe peu après 19h. Ensuite, je me suis endormi avec une très grande facilité à 22h.

Pour résumer, mon expérience a duré 5 heures et elle s’est découpée en 4 phases qui étaient très claires et très détachées les unes des autres en termes de sensations.

  • La première partie de mon voyage psychédélique ressemblait à un film de Wes Anderson, avec un décor très coloré et baroque. Il y avait beaucoup de gens qui dansaient dans une salle de bal. C’était sans doute l’un des plus extraordinaires films que j’ai vus de ma vie, j’étais vraiment très heureux d’assister à un tel spectacle.
  • Dans le deuxième acte, la thématique tournait autour de la honte. Il y avait des images sexuelles et des personnes qui m’incitaient à parler parce que j’étais timide et que je ne voulais pas communiquer. Elles répétaient “Allez, Vincent, parle !” Je ne sais pas pourquoi. Mais, à ce moment-là, mon égo s’est brisé et j’ai eu un immense besoin de parler.
  • La troisième étape était dure mais très utile. J’ai crié et pleuré pendant au moins une heure. Bizarrement, je n’ai souvenir d’aucune image ni d’aucun son mais seulement des sensations corporelles.
  • À la fin, c’était une émotion extraordinaire. Tous mes amis étaient réunis et ils me prenaient les mains chaleureusement en me disant : “Viens avec nous Vincent, on te comprend et on va t’aider. Fais-nous confiance !”. Là, je me suis senti incroyablement bien, comme jamais. Ça a été un choc.

Les gens qui ont participé à une retraite disent souvent que c’était l’un des moments les plus forts de leur vie, qu’en penses-tu ?

Pour moi en tous cas, c’est tout-à-fait vrai. C’est l’un des moments les plus importants de ma vie car j’ai appris énormément à propos de moi.

En un court après-midi seulement, j’ai découvert qu’il y avait une profonde mélancolie derrière mon attitude souriante. Voire même un tempérament dépressif caché. Sans dire que j’étais en dépression, quelque chose de douloureux se cachait dans l’ombre depuis très longtemps.

« Tous mes problèmes gastriques ont disparu »

Comment s’est passé ton retour de la retraite ?

En fait, j’ai compris qu’il fallait que je fasse la démarche de me connecter à ce qu’il y a au fond de moi et à l’exprimer. Ça peut sembler simple, mais j’ai pris une claque car je n’avais aucun recul là-dessus avant. Plus encore, j’ai appris que je pouvais avoir confiance en mes amis.

Ensuite, durant les semaines qui ont suivi la retraite, tous mes problèmes gastriques ont disparu. Mes soucis de douleurs intestinales sont revenus durant quelques jours et j’en ai parlé tout simplement. J’ai partagé ce détail très intime avec mes amis alors qu’avant je croyais que c’était dégradant et qu’ils se moqueraient de moi ou me mépriseraient. Ce qui est incroyable, c’est que depuis la retraite, à part cette fois-là, je n’ai plus eu aucun problème de ce type.

La retraite était tellement intense que je suis toujours en train de réaliser des choses. C’est pourquoi je peux affirmer que c’est un changement radical dans ma vie qui m’a fait découvrir dans quel état se trouvait mon subconscient et qui m’a donné une force inespérée pour agir dessus.

Est-ce que tu en prendrais à nouveau ?

J’ai énormément travaillé sur moi après la retraite psychédélique. Elle m’a apporté tant de choses que ça aurait été dommage de passer à autre chose sans rien construire. À présent, je suis motivé à 100% et suffisamment fort pour continuer à apprendre des choses sur moi.

Grâce aux psychédéliques et à ce travail personnel, dont je suis assez fier, je me sens beaucoup mieux qu’avant. Ma relation à la vie est bien meilleure.

Une deuxième retraite m’intéresse pour aller plus loin et pour m’attaquer à d’autres choses que je voudrais prendre en main. La différence, c’est que je me sens prêt et que je sais ce que ça peut m’apporter. Donc clairement, c’est OUI, je recommencerai.


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