La dépression est une maladie qui toucherait 3,8 % de la population mondiale, dont 5% des adultes. Parmi eux, 4 % des hommes et 6 % des femmes traversent actuellement un épisode dépressif durable. Les champignons à psilocybine représentent donc un enjeu de santé mentale d’une importance capitale pour ces personnes. Car si les médicaments antidépresseurs et la psychothérapie sont efficaces pour la majorité des patients, il existe une part importante de la population qui reste coincée dans un état dépressif sans trouver de solution. D’après de nombreuses recherches, la psilocybine pourrait être l’une des nouvelles solutions contre la dépression.
Mais prendre des psychédéliques pour traiter un trouble psychique pose des questions. Alors voyons comment ça marche et surtout est-ce que ça marche vraiment ?
Psilocybine dépression : un traitement miracle ?
Plusieurs types de thérapies existent mais elles ne rencontrent pas toutes le même succès. Cela dépend de la gravité de la maladie et aussi de paramètres inconnus, propres à chaque personne. L’idée d’un traitement de la dépression par les psychédéliques est séduisante : serait-il efficace, rapide et puissant ?
Des effets notables sur les symptômes
La psilocybine n’est pas considérée comme un traitement de la dépression pour des raisons légales. Pourtant, par certains aspects, elle peut y ressembler.
La psychiatre et chercheuse en neurosciences Lucie Berkovitch déclare dans une interview donnée à l’INSERM que “d’après l’ensemble des données disponibles, on observe une disparition des symptômes chez 30 à 70 % des sujets en dépression, notamment résistante, ce qui est considérable.”
La science des champignons contre la dépression
Plusieurs professionnels s’accordent, en effet, à dire qu’il pourrait exister un traitement par psilocybine pour la dépression. Des études ont montré qu’une seule dose de champignons hallucinogènes avait des effets similaires à un traitement antidépresseur. Chez les patients traités, les résultats ont montré que cette dose unique pouvait générer un bénéfice allant de 6 semaines à 6 mois.
Voici un récapitulatif de plusieurs études avec les résultats observés. Ces études utilisent les systèmes MADRS ou BDI pour évaluer la sévérité des symptômes.
Doses (MADRS)
Cette étude s’intéresse à l’impact du dosage de psilocybine sur la dépression.
| Groupes de patients | Dose | Score de dépression initial (MADRS) | Réduction des symptômes |
| 79 patients | 25 mg | 31.9 | -12 points |
| 75 patients | 10 mg | 33 | -7.9 points |
| 79 patients | 1 mg | 32.7 | -5.4 points |
Placébo (MADRS)
Ce protocole cherche à comparer l’effet des champignons magiques à celui d’un placébo.
| Groupes de patients | Dose | Score de dépression initial(MADRS) | Réduction des symptômes |
| 26 patients | Psilocybine (0,215 mg / kg) | 24.3 | -14.4 points |
| 26 patients | Placebo | 24.1 | – 4 points |
Durée des effet (BDI)
Une autre étude scientifique pose la question de la durée des effets des champignons psychédéliques dans le temps.
| 19 patients,25 mg de psilocybine | Score de dépression (BDI) |
| Avant la prise | 19.3 |
| À 1 semaine | 8.5 |
| à 2 semaines | 8.5 |
| à 3 semaines | 9.2 |
| à 3 mois | 12.4 |
| à 6 mois | 12.5 |
Comment agit la psilocybine sur la dépression ?
On dit que les substances psychédéliques sont psychoactives. Cela signifie qu’elles modifient le fonctionnement du système cognitif. Elles produisent notamment des hallucinations, des sentiments d’euphorie, une introspection profonde. C’est le voyage psychédélique, le trip. Mais elles modifient surtout la chimie du cerveau…
La chimie de l’humeur et des émotions
Dans le cerveau humain, les neurones s’activent en fonction de plusieurs substances chimiques appelées neurotransmetteurs. L’un d’entre eux, la sérotonine, est impliqué dans la gestion de l’humeur et des émotions.
Chez les personnes dépressives, les quantités de sérotonine sont souvent faibles, ce qui crée une baisse de l’activité neuronale dans une zone appelée cortex frontal. Les doses de sérotonine jouent un rôle important dans la régulation des symptômes de dépression. Certains traitements antidépresseurs ciblent justement la sérotonine : les ISRS (Prozac, Seroplex), IRSNa, IRSN. Leur objectif est de rééquilibrer le fonctionnement du cerveau.
Un redémarrage du système nerveux
Lorsqu’on consomme des champignons à psilocybine, cette molécule psychédélique se transforme en psilocyne. Au contact des neurones, la psilocyne imite la sérotonine. Le système nerveux central “croit” alors être en présence de sérotonine et active d’autres neurotransmetteurs qui vont réinitialiser le système.
D’après les recherches scientifiques actuelles, la stimulation du système nerveux agirait comme un déclencheur pour qu’il revienne en “mode normal”. Dans une certaine mesure, on pourrait comparer cela au redémarrage d’un téléphone ou d’un ordinateur pour corriger des bugs. Le redémarrage atténuerait certains des symptômes de dépression.
Comment guérir la dépression ?
C’est une question à laquelle il n’existe pas de réponse absolue. Les médecins s’accordent souvent à dire que pour guérir d’une dépression, il faut combiner un traitement médicamenteux et une thérapie.
La position des spécialistes de la psilocybine est similaire. La prise de champignons psychédéliques ne guérit pas, elle crée un terrain favorable à la guérison.
Un suivi pour faire baisser les symptômes
Grâce à l’effet neurochimique de l’expérience psychédélique, le cerveau est plus réceptif à l’introspection. C’est une conséquence de la neuroplasticité induite par la psilocybine. De même, pendant les semaines qui suivent l’ingestion, les réflexes de peur du système limbique sont atténués. Il en résulte une plus grande facilité à contourner les blocages. C’est le bon moment pour travailler en profondeur avec un thérapeute ou pratiquer l’introspection (méditation, yoga, respiration, écoute de musique inspirantes, écriture, …)
Psilocybine et addiction à l’alcool
En Europe, l’addiction à l’alcool touche 1 personne sur 12 en Europe. Si l’alcoolisme est souvent montré du doigt, on oublie souvent que les personnes qui en souffrent sont aussi en dépression.
D’après plusieurs études, la psilocybine produirait aussi des effets très favorables contre l’addiction à l’alcool.
Les interactions des médicaments antidépresseurs avec les champignons magiques
On dit parfois que les champions magiques sont incompatibles avec les traitements médicamenteux contre la dépression. Il ne s’agit, en fait, pas d’une incompatibilité. Les médicaments antidépresseurs peuvent amoindrir l’effet des psychédéliques.
Certains préfèrent baisser leur dose de médicament progressivement avant un voyage psychédélique pour éviter toute interaction quand d’autres acceptent l’effet diminué pour continuer le traitement.
Dans tous les cas, les médecins sont les seuls professionnels habilités à conseiller leurs patients en fonction de la dose prescrite et à évaluer les risques potentiels.
Quelle est la meilleure thérapie assistée par psilocybine pour les personnes dépressives ?
Le traitement par psilocybine
Proposer un traitement de la dépression par psilocybine serait une véritable révolution dans le monde de la psychiatrie pharmaceutique. Il est impossible de prédire quelle forme prendrait ce traitement. Toutes les voies sont possibles : complément alimentaire, capsules de psilocybine synthétique, hospitalisation, thérapie assistée…
Mais aujourd’hui, ce n’est pas encore à l’ordre du jour. Les gens s’arrangent donc pour trouver d’autres pistes. Une chose est sûre, la relaxation et l’encadrement comptent pour beaucoup dans le succès de cette démarche. C’est pourquoi la légalité semble être la meilleure piste pour minimiser les risques et maximiser l’effet.
Un suivi thérapeutique unique mais difficile d’accès
La thérapie assistée par psilocybine est légale en Suisse ou en Oregon. Elle consiste à prendre une dose de champignons magiques en présence d’un psychologue. Celui-ci supervise l’expérience, pose des questions pour initier l’introspection et le travail thérapeutique. Plusieurs séances de psychothérapie suivent le voyage pour intégrer les changements et les prises de conscience. C’est en général ce que proposent les essais cliniques.
Ces thérapies assistées ont l’inconvénient d’être chères ou accessibles à un tout petit nombre de personnes.
Les retraites comme alternative légale
Dans un autre registre, il est possible d’essayer une retraite psilocybine pour traiter la dépression. Ces courts séjours ne sont pas considérés comme des sessions thérapeutiques mais plutôt des cures destinées au bien-être. Elles ne proposent donc pas de traitement. Cela n’empêche pas les personnes en quête de soin d’y participer et de continuer la thérapie de leur côté.
Les retraites psychédéliques sont légales aux Pays-Bas, ce qui en fait une voie simple pour accéder à la psilocybine sous forme de truffes magiques. Elles offrent aussi une préparation et des séances d’intégration pour approfondir les sujets sensibles et identifier les possibilités d’amélioration.
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Vers un avenir sans dépression ?
La dépression est une maladie vicieuse contre laquelle on peut se retrouver impuissant. Elle touche des fonctions cognitives déterminantes : l’estime de soi, la motivation, la capacité à se projeter. Elle provoque des ruminations, une perte d‘énergie, un manque d’envie. Au bout du compte, elle affecte notre humeur, notre sommeil et progressivement toute la vie quotidienne et les relations sociales.
Sortir de la dépression peut sembler impossible car on n’a plus la force de le faire. Et c’est valable pour tous les types de dépression : dépression saisonnière, post-partum ou sévère. Être dépressif est un calvaire, une culpabilisation et une dévalorisation permanente.
Pour les personnes dépressives, les interrogations sur le potentiel de psilocybine sont extrêmement importantes. Elles portent l’espoir de sortir d’une situation en apparence sans issue. La pugnacité des chercheurs dessinera sans aucun doute l’avenir des champignons magiques et leur éventuelle légalisation.
FAQ psilocybine et dépression
Est-ce que la psilocybine soigne la dépression ?
La psilocybine ne soigne pas la dépression mais peut conduire à en diminuer les symptômes. Elle montre une amélioration notable pour les dépressions sévères résistantes aux antidépresseurs.
Comment sortir de la dépression ?
Le premier point est de se faire aider. Il existe plusieurs possibilités simples pour reprendre la main sur la maladie. Parler à des proches, des associations, un psychologue ou un médecin est extrêmement important pour démarrer.
Ensuite, des activités simples peuvent redonner un peu de courage : marche, lecture, vélo, jeux de société, arts plastiques, chant, s’occuper d’un animal, méditation. C’est un combat de longue haleine, mais il est possible de sortir de dépression à tout âge.
Image de shurkin_son sur Freepik
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