Psilocybine et intestin irritable : une nouvelle piste ?

Intestin irritable, allergie alimentaire… On en parle partout et pourtant on n’en sait pas grand chose. Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) sont devenues des thèmes récurrents dans la presse. On ne compte plus les livres, ou les vidéos Youtube, qui tentent d’expliquer le phénomène. Elles sont peut-être la clé de nombreux soucis de santé, face à des années d’errance médicale.
Zoom sur les maladies inflammatoires de l’intestin
Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, c’est un groupe de pathologies qui touchent plusieurs millions de personnes en Europe. On y retrouve la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique. Le syndrome de l’intestin irritable (SII) est, de son côté, un trouble proche mais pas identique.
Et si leur compréhension s’améliore et que des avancées thérapeutiques existent, nombre de patients restent confrontés à des symptômes résistants. C’est dans ce contexte que la psilocybine est actuellement évaluée comme un traitement potentiel au SII, dans une étude menée aux USA.
⚠️ Attention : cette étude n’a publié aucun résultat. Tout ce qui suit est, pour l’instant, une hypothèse.
La psilocybine : une molécule qui intéresse la recherche médicale
Mais alors, quel lien entre psilocybine et pathologies inflammatoires chroniques ? Simplement que cette substance, issue des truffes et champignons psychédéliques, agit sur le système nerveux. Elle possède des effets sur la perception de la douleur, la régulation émotionnelle et la communication entre le cerveau et le système digestif.
De la santé mentale à la santé digestive
Depuis plusieurs années, des essais cliniques portent sur des troubles psychiatriques sévères : dépression résistante, anxiété ou dépendance à l’alcool. Ils montrent une amélioration significative des symptômes chez une grande partie des participants.
Ce succès a encouragé les chercheurs à explorer plus loin : des douleurs chroniques aux pathologies digestives ou aux troubles alimentaires.
Une étude pilote inédite sur le syndrome de l’intestin irritable
C’est là que démarre une nouvelle étude clinique, conduite aux États-Unis. Elle s’intéresse aux patients atteints du syndrome de l’intestin irritable réfractaire. Pour eux, ni les régimes, ni les médicaments, ni les approches comportementales ne suffisent à soulager les symptômes.
Le protocole de cette étude s’appuie sur :
- une préparation psychologique en amont,
- deux séances de psilocybine, administrées dans un cadre médical sécurisé,
- une intégration après chaque expérience,
- un enregistrement de l’activité cérébrale par IRMf.
Son originalité réside dans l’utilisation de l’imagerie cérébrale fonctionnelle (IRMf) qui sert à étudier comment réagissent les neurones. Les scientifiques ont prévu d’observer un type de neurone en particulier : ceux liés à l’intéroception.
L’intéroception, au plus proche des sensations
L’intéroception, c’est une notion assez récente. C’est la capacité des êtres vivants à percevoir et interpréter les signaux internes du corps. L’inconfort, la douleur, la brûlure, le plein, le vide, par exemple.
Cette intéroception joue un rôle dans la relation entre cerveau et intestin. En l’observant, les chercheurs espèrent comprendre si la psilocybine peut réduire l’hypersensibilité digestive.
Comment la psilocybine pourrait agir sur les symptômes digestifs
Corriger l’hypersensibilité viscérale
Les scientifiques veulent, en fait, évaluer si la psilocybine peut corriger un “bug” fréquent dans le SII : l’hypersensibilité viscérale. À cause d’un dérèglement, les signaux intestinaux sont perçus par le cerveau comme plus douloureux qu’ils ne le sont réellement.
La question des traumatismes
Cette hypothèse s’appuie sur notre compréhension du stress et des traumatismes. On sait que des traumatismes précoces peuvent amplifier la façon dont le corps « entend » ses propres signaux, augmentant les sensations de douleur et les angoisses qui y sont liées.
De son côté, la thérapie assistée par psilocybine offre une expérience cathartique potentiellement transformatrice. Avec un bon encadrement, elle permet d’éloigner la charge émotionnelle des épisodes passés (comme dans le traitement du SSPT). La psilocybine pourrait alors réduire le « volume excessif » de la douleur et rétablir un rapport au corps et aux douleurs plus équilibré.
De la même manière que l’expérience psychédélique peut atténuer les effets psychologiques d’un traumatisme, elle pourrait, peut-être, également en gérer les effets somatiques du syndrome du côlon irritable.
Et le microbiote ?
Enfin, les chercheurs envisagent un rôle dans le rééquilibrage de l’axe intestin-cerveau. Ce réseau complexe implique le microbiote intestinal, le système nerveux entérique et le système immunitaire.
Si la psilocybine agit d’abord au niveau central, ses effets sur l’émotion, la régulation immunitaire et la perception pourraient avoir des répercussions indirectes sur le fonctionnement digestif.
Vers un avenir plus optimiste ?
Ces hypothèses restent à valider. Les résultats complets de l’étude pilote n’ont pas encore été publiés. Même s’ils s’avéraient positifs, ils devraient être confirmés par des essais plus vastes.
Toujours est-il que les maladies intestinales impactent fortement la vie quotidienne. Les patients doivent composer avec l’imprévisibilité des crises, la fatigue, des douleurs abdominales, des ballonnements, troubles du transit et une charge psychologique importante.
Et c’est précisément cette dimension psychosomatique qui rend l’exploration de la psilocybine particulièrement pertinente. Il y a donc encore des espoirs, ici et ailleurs, sur la prise en charge des maladies inflammatoires de l’intestin.
Dernière modification le 26 septembre 2025